Détachement et Espérance
Avec St Thérèse d’Avila, St Jean de la Croix est l’un des réformateurs du Carmel. Et comme elle, il est l’un des docteurs de l’Eglise. Grand mystique, poète, il a profondément marqué la vie de l’Eglise en prônant un détachement total pour rejoindre Dieu.
Issue d’une famille très pauvre, puis orphelin de père, le futur saint se retrouve au Colegio de los Doctrinos, devient infirmier dans l’Hôpital de la Conception puis le collège des Jésuites où il étudie science humaine, rhétorique et langues classiques.
Et, ayant discerné, il se sent appelé à la vie religieuse et plus précisément souhaite entrer au Carmel. Il y prendra d’ailleurs le nom de Mattia.
DE LA VOLONTÉ DE RÉFORMER À LA NUIT DE LA FOI
C’est au sein de cet ordre qu’il cherche à faire évoluer les carmes et retrouver la règle primitive du Carmel, sans succès. Ordonné prêtre en 1567, il va alors célébrer sa première messe à Medina del Campo (la ville de son enfance) et y rencontre alors la future Ste Thérèse d’Avila. Une rencontre décisive alors que Jean se pose la question de quitter le Carmel. Thérèse lui présente son programme de réforme du Carmel « pour la plus grande gloire de Dieu ». Adhérant au projet, il devient alors l’un de ses plus grands défenseurs.
En même temps que Thérèse d’Avila, il fonde une première communauté avec 3 autres frères et prend alors le nom de Jean de la Croix. Un début difficile qui va lui valoir un passage douloureux par la case prison. En effet, devenu signe de contradiction, il est enlevé et emprisonné à Tolède pendant 9 mois avec de nombreuses contraintes et privations. Coups, fouet, privation de liberté, interdiction d’accès à la Bible,… St Jean de la Croix parlera de « Nuit de la Foi », l’abandon apparent de Dieu dans sa vie.
MONTER VERS DIEU GRÂCE AU DÉNUEMENT TOTAL
Mais de ce temps d’enfermement, il en tire plusieurs écrits dont le « Cantique Spirituel », un de ces plus célèbres poèmes. Cette période paradoxalement est l’une des plus intenses de sa vie spirituelle. Il finit par s’enfuir et il est recueilli par des carmélites déchaussées. Il se voit alors excommunié. St Jean de la Croix va alors accompagner Ste Thérèse d’Avila dans la fondation de plusieurs monastères. Il devient alors le directeur spirituel des carmélites.
« Où il n’y a pas d’amour, mettez de l’amour et vous obtiendrez de l’amour»
St Jean de la Croix
Dans sa réforme St Jean prône le détachement intégral que l’on retrouve dans « La Montée au Carmel » ainsi que « La Nuit obscure ». Pour lui, le « rien » mène à Dieu. « Pour parvenir à être tout, Ne cherche à être quelque chose en rien » peut-on lire dans un de ses poèmes. Ste Thérèse de Lisieux sera d’ailleurs fortement inspirée par ce travail.
En 1580, le pape Grégoire XIII signe le décret de séparation entre les carmes chaussés et déchaussés. C’est l’aboutissement de leur projet de réforme. Désormais, son travail avec Ste Thérèse d’Avila va consister à déployer cette réforme et fonder de nouveaux monastères.
CHANTRE DE LA SOUFFRANCE
Lui qui a été battu, insulté et calomnié durant le début de sa vie religieuse, continue d’affirmer que l’on arrive à Dieu par la souffrance. « Souffrir est le moyen par excellence pour aller plus avant dans la délectable et profonde sagesse de Dieu » écrit-il dans son commentaire du « Cantique Spirituel ». Il critique ceux qui la refuse en ajoutant « Ô Vérité méconnue, quand pourra-t-on faire comprendre que la profondeur de ta Sagesse et des richesses infinies de Dieu est inaccessible à ceux qui repoussent les souffrances, à ceux qui ne désirent pas, et n’y trouvent pas la consolation de leur âme ? ».
Et c’est au sein de l’ordre qu’il a contribué à réformer qu’il se voit au fur et à mesure privé de toute responsabilité, les supérieurs actuels poussant à réduire son statut à celui de simple religieux. Une exclusion dont il se réjouira voyant une similitude avec Jésus-Christ. N’a-t-il pas d’ailleurs entendu un jour en contemplation d’un Christ crucifié une voix lui dire « Jean, que désires-tu pour tous les travaux que tu as endurés pour moi ? » et lui de répondre : « souffrir et être méprisé pour vous » ?
« Alors je m’abaissai tant et tant / Que je fus si haut si haut, / Que je finis par atteindre le but »
St Jean de la Croix
Tombant gravement malade, calomnié par le carme Diego Evangelista qui lui voue une haine féroce, mal soigné à Ubeda où le supérieur suspicieux et rancunier ne lui permet pas d’avoir accès aux soins nécessaires, il n’en est pas moins apprécié par la population qui lui envoie de nombreux dons. La maladie empire et St Jean de la Croix dira être « submergé par la souffrance. » mais pour autant « être de plus en plus paisible ». Il meurt dans la nuit du 13 au 14 décembre 1591.
DÉTACHEMENT ET ESPÉRANCE
St Jean de la Croix considère l’Espérance comme un des éléments centraux qui mènent à Dieu assurant « qu’on obtient autant qu’on espère ». Mais le détachement de tout, la pauvreté complète, est l’outil, le moyen le plus adapté pour y parvenir, et de ce fait, parvenir à Dieu.
« Quand l’âme est si détachée de tout, qu’elle est dans un dénuement complet, qu’elle a, je le répète, accompli tout ce qui dépendait d’elle, il est impossible que Dieu ne fasse pas de son côté ce qu’il faut pour se communiquer à elle, au moins dans le secret du silence »
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