La réformatrice du Carmel

Sainte et Docteur de l’Eglise, Thérèse d’Avila est la grande figure de la réforme du Carmel. Elle vivra une vraie conversion, la poussant, malgré bien des résistances, à réformer le Carmel et vivre pleinement sa vocation de carmélite.

Teresa de Cepeda y Alumada entre à 20 ans au Carmel de sa ville. La règle y est alors pratiquée de façon mitigée. Longtemps, elle s’en satisfait. Mais en 1555, en contemplant le Christ en croix et en lisant les Confessions de Saint Augustin, elle décide de vivre pleinement sa vocation carmélite.

Elle se rend compte que les pratiques religieuses de cet Ordre se sont dégradées et elle veut le réformer pour le faire revenir à la Règle primitive, malgré bien des résistances.

LA RÉFORME DU CARMEL

Poussée par l’Esprit saint, elle fonde, le 24 août 1562, le petit monastère de Saint Joseph. C’est le début d’un rand bouleversement : en quelques mois les fondations se multiplient : Medina del Campo (1567), Malagon (1568), Valladolid (1568), Tolède (1569), Pastrana (1569)… Elle sera ensuite, avec Jean de la Croix, à l’origine de la réforme de la branche masculine du Carmel, de la même manière que pour les femmes.

Les fondations se poursuivent à un rythme régulier : Villanueva et Palencia (1580), Soria (1581). Après sa dix-septième fondation à Burgos (1582), elle se rend à Alba de Tormes où elle meurt le 4 octobre 1582, en remerciant Dieu de l’avoir faite «Fille de l’Église»

La réforme qu’elle impulse dans l’Ordre du Carmel espagnol entraîne quelques années après sa mort la création d’une branche autonome au niveau de l’ordre : l’Ordre des Carmes déchaux. Cette nouvelle branche monastique s’étendra rapidement dans toute l’Europe puis le monde : le nombre des carmes réformés dépassera rapidement, et dépasse toujours, le nombre des carmes non réformés.

Maison de Louis et Zélie Martin - CC BY-SA 3.0 Pierre-Yves Emile (1)

UNE VIE MYSTIQUE INTENSE

Durant sa vie contemplative, la future Sainte Thérèse d’Avila recevra des grâces spirituelles intenses, particulièrement durant l’oraison. Elle raconte avoir sa première apparition ainsi que la vision de l’enfer en 1557. Durant les années suivantes elle reçoit, dit-elle, de grandes faveurs célestes, parmi lesquelles la vision de Jésus ressuscité.

Qu’il est admirable de songer que Celui dont la grandeur emplirait mille mondes et beaucoup plus, s’enferme ainsi en nous qui sommes une si petite chose !
Sainte Thérèse – Chemins de la Perfection

Au sommet de sa vie mystique, Thérèse raconte avoir vécu l’expérience de la transverbération. Dans sa biographie française publiée au xvie siècle il est dit : « Je vis un ange proche de moi du côté gauche… Il n’était pas grand mais plutôt petit, très beau, avec un visage si empourpré, qu’il ressemblait à ces anges aux couleurs si vives qu’ils semblent s’enflammer … Je voyais dans ses mains une lame d’or, et au bout, il semblait y avoir une flamme. Il me semblait l’enfoncer plusieurs fois dans mon cœur et atteindre mes entrailles : lorsqu’il le retirait, il me semblait les emporter avec lui, et me laissait toute embrasée d’un grand amour de Dieu. La douleur était si grande qu’elle m’arrachait des soupirs, et la suavité que me donnait cette très grande douleur, était si excessive qu’on ne pouvait que désirer qu’elle se poursuive, et que l’âme ne se contente de moins que Dieu. »

DES ÉCRITS QUI FONT RÉFÉRENCES

Elle est l’auteur de nombreux ouvrages tant biographiques que didactiques ou poétiques. Elle nous a laissé des écrits de haute spiritualité, en particulier «Le château intérieur de l’âme» qui est une extraordinaire méthode de prière et d’oraison qui la range parmi les meilleurs guides de l’oraison contemplative. On retrouve également, pêle-mêle, « Le Chemin de Perfection », « Les Demeures », ou encore « Pensées sur l’Amour de Dieu ».

Au XXe siècle, elle est déclarée docteur de l’Église catholique et elle est la première femme à obtenir ce titre.

Maison de Louis et Zélie Martin - CC BY-SA 3.0 Pierre-Yves Emile (1)