Fondatrice de monastères, naturaliste, musicienne, peintre et visionnaire, elle est une sainte étonnante et détonante.

Le 17 septembre nous fêtons Ste Hildegarde de Bingen (1098 – 1179). Depuis quelques années, et en particulier la publication de « Laudato Si » et la tendance écologiste en vogue, cette sainte et docteur de l’Eglise connaît un profond regain d’intérêt. Mais qui est-elle ?

Dixième enfant d’une famille noble de Bemersheim, en Rhénanie, Hildegarde reçoit, dès l’âge de trois ans, des visionsEt cela durera soixante dix-huit ans. Confiée très jeune au couvent de Disibodenberg, Hildegarde prononce ses vœux perpétuels au couvent et reçoit, vers l’âge de quinze ans, le voile monastique des mains de son évêque. Devenue abbesse, elle s’en va fonder une autre communauté à Bingen puis une à Eibingen. Elle voyage, va où on l’appelle, prêche dans les cathédrales et les couvents, correspond avec toutes les têtes couronnées, les pontifes de son temps, saint Bernard et bien d’autres. 

Fondatrice de monastères, naturaliste, musicienne, peintre et visionnaire, elle est une sainte étonnante et détonante. Pour autant, sa canonisation « équipollente » (c’est à dire sans miracle) est tardive, celle-ci ayant lieu en 2012 sous Benoit XVI qui la proclame également Docteur de l’Eglise, faisant ainsi d’elle la quatrième femme (après Ste Thérèse d’Avila, Ste Catherine de Sienne et Ste Thérèse de Lisieux) parmi les 36 docteurs de l’Eglise.

POURQUOI « ECOLO AVANT L’HEURE » ?

Connue depuis longtemps pour ses visions, Ste Hildegarde touche un public de plus en plus large grâce à ses dons pour la musique et la médecine, domaines dans lesquels très peu de femmes ont laissé leur nom au Moyen Âge. Sa médecine des « simples » s’appuie essentiellement sur sa profonde connaissance des plantes, animaux, éléments, métaux ou pierres. Aujourd’hui, cette médecine intéresse principalement une population en quête d’alternatives à la médecine tradition­nelle.

A l’heure où l’on dénonce l’alimentation industrielle, le stress et les produits chimiques, ce retour au naturel plus écologique tend à plaire à un large public. Alimentation saine grâce aux « aliments de la joie », la place majeure de l’épeautre, de certains légumes, fruits, herbes médicinales et épices, des remèdes naturels à base de plantes et d’épices, des moyens d’éliminer les toxines accumulées dans notre organisme, les bienfaits du massage et de l’eau… Tant de domaine qui en font aujourd’hui une sainte pleinement d’actualité dont le message s’étend plus loin que la sphère catholique. Au point d’avoir été pendant la période « New Age » très à la mode dans ces milieux. « Nous avons le désir de nous développer, car Hildegarde doit être rendue à l’Église, après avoir été la mascotte des milieux ésotériques des années 1980 », explique François Delbeke, directeur du Grenier d’épeautre, dans Famille Chrétienne.

Maison de Louis et Zélie Martin - CC BY-SA 3.0 Pierre-Yves Emile (1)

PLUS QU’UNE SIMPLE ECOLOGISTE

Car au-delà de l’aspect purement « équilibre alimentaire », les visions de la mystique Ste Hildegarde, ses textes et messages, sont un formidable appel à la conversion et à la (re)découverte du message du Christ. Et c’est bien pour cela que Benoit XVI l’a proclamé Docteur de l’Eglise en 2012 : « Voilà le signe d’une authentique expérience de l’Esprit-Saint, source de tout charisme: la personne dépositaire de dons surnaturels ne s’en vante jamais, ne les montre pas et surtout fait preuve d’une obéissance totale envers l’autorité ecclésiastique. Chaque don donné par l’Esprit-Saint est destiné, en fait, à l’édification de l’Eglise, et l’Eglise, par ses pasteurs, en reconnaît l’authenticité​ ». (Audience générale du 1er septembre 2010).

« Benoît XVI a voulu mettre en lumière l’inestimable sagesse de cette abbesse hors norme qui s’exprime surtout à travers ses trois livres de visions (Scivias, Le Livre des mérites de la vie, Le Livre des œuvres divines), explique pour Famille Chrétienne le Père Dumoulin, spécialiste de Ste HildegardeLe premier indique la voie, le second donne les moyens et le troisième montre le but : le rétablissement d’une harmonie de l’uni­vers jaillissant du plus intime de l’être humain« .

FO’M

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