RESPONSABLE DU SERVICE MISSION & MIGRATIONS (H/F)

RESPONSABLE DU SERVICE MISSION & MIGRATIONS (H/F)

RESPONSABLE DU SERVICE MISSION & MIGRATIONS (H/F)

Mission à mi-temps, à pourvoir à compter du 1er septembre 2023

Contrat à durée indéterminée de 17h30 hebdomadaires 

Mission :

− Soutenir la dynamique missionnaires des paroisses et des aumôneries en direction des personnes migrantes et itinérantes (aumônerie des forains et artisans de la fête, aumônerie des gens du voyage, mission de la mer).
− Promouvoir la dimension universelle de la mission de l’Eglise au travers d’initiatives diocésaines ou en soutenant les initiatives paroissiales (exemple : fête des peuples).
− Développer des liens avec les associations confessionnelles ou laïques qui oeuvrent dans différents domaines en faveur des personnes migrantes et itinérantes.

 

Activités principales :

− Impulser, auprès des paroisses, une dynamique d’accueil des personnes migrantes et itinérantes afin qu’elles puissent prendre leur place dans la vie communautaire ecclésiale.
− Soutenir les initiatives permettant aux personnes migrantes et itinérantes de rencontrer le Christ.
− Organiser, avec le service de la formation et de la vie spirituelle et le service de la pastorale liturgique et sacramentelle, des formations à destination des prêtres, diacres et laïcs qui se sentent particulièrement concernés par l’accueil des personnes arrivant de l’étranger :
→ Comment aborder la question de Dieu dans le respect des consciences et des cultures ?
→ Comment accueillir les personnes migrantes dans nos communautés paroissiales ?
→ Quelle place leur proposer dans la liturgie ?
→ Quelles propositions, tenant compte de la diversité culturelle, pour permettre aux personnes de confession catholique d’approfondir leur foi au sein de leur communauté d’accueil ?
→ Quelles spécificités dans l’accompagnement à la préparation des sacrements de l’initiation ?
→ …
− Communiquer au niveau diocésain, sur la journée mondiale du migrant et du réfugié et sur la semaine missionnaire mondiale, encourager et soutenir les initiatives paroissiales autour de ces deux événements, proposer aux paroisses des outils d’animation pastorale et liturgique (en lien avec le service diocésain de la Pastorale liturgique et sacramentelle).
− Accompagner les envois et accueillir les arrivées de missionnaires (prêtres, religieux, laïcs).
− Développer des liens avec les associations de fidèles qui oeuvrent pour la solidarité internationale et envoient des coopérants, transmettre leurs coordonnées aux personnes envisageant un départ.
− Entretenir un réseau de personnes ayant une expérience d’engagement comme volontaire de solidarité internationale, faire connaître leur témoignage.
− Faire connaître les propositions de séjours ou de voyages à l’étranger animés par un esprit de service missionnaire, notamment en direction des publics jeunes (en lien avec la pastorale des jeunes, l’aumônerie de l’enseignement public, la pastorale des étudiants).

 

Profil recherché :

− Connaissance de l’Eglise et du fonctionnement paroissial
− Bac + 2 ou expérience équivalente de type BTS Assistant de Manager
− Maîtrise des logiciels de bureautique (Word, Excel, Powerpoint…) et capacité à utiliser un logiciel spécifique
− Connaissance des réseaux sociaux et des nouveaux outils de communication, de collaboration et de création (dont capacité à interagir avec le site internet et à concevoir des tracts/affiches)

Condition :

− Mission salariée (rémunération selon convention collective)
− Poste basé à La Roche-sur-Yon (Maison du diocèse Saint Paul) avec déplacements fréquents
− Pour postuler : envoyer CV et lettre de motivation sous référence M&M 2023 à Madame Florence FRAIX, déléguée aux ressources humaines : 

Télécharger l’offre d’emploi au format PDF 

Homélie du dimanche 6 août

Dimanche 6 août 2023
La transfiguration du Seigneur

Références bibliques :
Première lecture « Son habit était blanc comme la neige » Dn 7, 9-10.13-14
Psaume Le Seigneur est roi,
le Très-Haut sur toute la terre Ps 96, 1-2, 4-5, 6.9
Deuxième lecture « Cette voix venant du ciel, nous l’avons nous-mêmes entendue » 2 P 1, 16-19
Évangile « Son visage devint brillant comme le soleil » Mt 17, 1-9

***
CE QUE NOUS SOMMES
Il faut nous plonger dans le mystère de la transfiguration et non pas seulement comme un bref fait-divers de l’intimité de Jésus avec ses apôtres.
Ces quelques minutes nous donne à découvrir l’extraordinaire de la présence humano-divine en Jésus qui nous donne à contempler ce que nous sommes dans l’humilité de l’homme-Jésus en qui nous sommes unis. Car en lui toute la gloire de Dieu est présente alors qu’elle est ordinairement cachée, même dans le sacrement de l’Eucharistie en nos divines liturgies.
Jésus, en cet épisode extraordinaire, dépasse la signification de ce que Dieu a révélé à Moïse comme à Elie. L’humilité de l’homme Jésus est au coeur de la gloire éternelle de Dieu.
 » Quand sur la montagne de Galilée le voile se déchire, il devient manifeste non seulement que c’est bien Dieu lui-même qui a pris temporellement en Jésus la forme du serviteur, mais aussi que cette forme de serviteur est la forme éternelle de Dieu.
 » D’une part l’homme Jésus est vraiment Dieu. Mais d’autre part Dieu, comme l’homme Jésus, est, pauvre, dépendant., humble, sensible et vulnérable.  » (François Varillon)
LA LUMIERE DE LA NUEE
Ce n’est pas un bref épisode, un éclair de lumière dans la vie des trois apôtres.
Tous les détails du récit évoquent les manifestations de Dieu dans l’Ancien Testament. La montagne est haute comme étaient hauts le Sinaï et l’Horeb. L’homme du Sinaï est là, c’est Moïse. L’homme de l’Horeb aussi est là, c’est Elie. Les vêtements de Jésus sont éblouissants de blancheur ; son visage resplendit comme le soleil ; une voix parle du sein de la nuée.
Cette nuée est celle de l’Exode qui guidait les Hébreux dans le désert. Tout nous dit, c’est Dieu. C’est donc Dieu qui va souffrir et mourir. Personne ne pourra se tromper sur ce qu’est sa Gloire.
Dans un autre contexte, la Transfiguration serait une manifestation de puissance et d’éclat. Dans le contexte de la Passion, c’est tout autre chose : les témoins de la Faiblesse au Jardin des Oliviers. Celui dont le visage est resplendissant comme le soleil sera un pauvre homme qui sue le sang.
LES PARADOXES DE LA FOI
Entre cette Gloire et cette Faiblesse, il n’y a pas opposition, mais une indéchirable et divine unité.
L’instant de la vision splendide fut sans doute extrêmement bref, mais tellement merveilleux que Pierre avait proposé de le prolonger et même de l’éterniser. Et Pierre avait rêvé tout haut que le bonheur serait de s’installer dans cet instant devenu éternel, afin de posséder Dieu sur l’heure, face à face et pour toujours.
L’Évangile est là-dessus à la fois paradoxal et éclairant. Sur les bords du Jourdain, au Thabor comme au Jardin des Oliviers.
A tous ceux qui viennent à Lui, Jésus demande la foi. On sent bien qu’il y tient plus qu’à tout, comme si avec la foi tout était possible, et sans elle rien. Or notre foi se vit dans la plaine et non pas toujours sur le Thabor.
Fais-nous ressembler davantage à Celui dont tu as révélé la splendeur dans le mystère de la transfiguration  » (Oraison de la liturgie)

Homélie du dimanche 30 juillet

Dimanche 30 juillet 2023
17éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :
Premier livre des Rois : 3. 5 à 12 : “ Donne à ton serviteur un coeur attentif.”
Psaume 118 : “J’aime tes volontés plus que tout l’or le plus précieux.”
Lettre de saint Paul aux Romains : 8. 28 à 30 : “Destinés à être l’image de son Fils.”
Evangile selon saint Matthieu : 13. 44 à 52 : “Ayant trouvé une perle d’un grand prix, il va vendre tout ce qu’il possède.”
***
Jésus sans cesse, par ses paroles et par ses actes, insiste sur une priorité qui est la sienne, la réalisation du “ Royaume des cieux.” Il est venu pour cela et pour que se réalise ce Royaume avec les hommes et en Dieu, il donne sa vie.
DIEU EST-IL LA PRIORITE ?
Dieu fut la priorité de sa vie terrestre parmi les hommes. Et nous-mêmes, “nous sommes destinés à être l’image de son Fils.” (saint Paul aux Romains). Ce terme “royaume des cieux” est une équivalence, en langage biblique. Il fallait en effet éviter de prononcer le nom ineffable de Dieu.
A travers les images concrètes des paraboles de ce dimanche, c’est bien du Dieu transcendant dont il parle. En fait le “Règne de Dieu” dans nos vies et dans le monde. C’est pourquoi il l’a inscrit dans la prière de ceux qui se reconnaissent comme ses disciples :” Père que ton Règne vienne, que ta volonté soit faire.”
Jésus annonce l’arrivée imminente du règne de Dieu. Que faire ? attendre, par prudence, pour voir ce qu’il en sera ? l’imaginer selon nos vues humaines et nos conceptions de la vie ? ou bien engager totalement notre vie sur cette annonce ? Le journalier et le marchand mobilisent toutes leurs forces et tout leur avoir pour acquérir un trésor sans prix à leurs yeux. Ils ne gardent aucun petit pourcentage de sécurité, un “fonds de sécurité”, une épargne.
Le Règne de Dieu ne réclame pas moins de détermination et le don total de soi-même. C’est une décision radicale, sans esprit d’un retour éventuel. “Il va vendre tout ce qu’il possède…” Il l’a réclamé à ses disciples. Il leur faut tout quitter, même ce qui est le plus légitime humainement parlant : son père, sa mère, sa famille. “Qui est mon Père, qui est ma mère? … Celui qui fait la volonté de mon Père.”
UN TRESOR CACHE.
Nous sommes immergés dans une société où Dieu a peu de place. A chacun de nous, Jésus répète aujourd’hui encore :”Quel est ton trésor ? Quelle place Dieu tient-il dans ta vie ? Quelle est la priorité des priorités au cours de tes semaines ? Qu’est-ce qui a le plus de prix à tes yeux ? Quel temps consacres-tu à l’essentiel ?”
Les réponses à ces questions remplissent tout l’évangile. “N’accumulez pas de trésors sur la terre, là où les mites et la rouille les rongent. “ …“Où est ton trésor, là sera ton coeur.”(Matthieu 6. 19 à 21)
Il est clair qu’ainsi Jésus souhaite nous faire bien comprendre que nous ne pouvons pas, nous ne devons pas, nous contenter de notre existence terrestre. Elle est fragile, menacée, éphémère quand elle se réduit à vivre cet humain sans Dieu. Elle devient toute autre si cet humain se greffe sur une éternité divine. Elle est la préface, l’introduction du Livre de Vie. Encore faut-il le découvrir par la foi et le vivre.
Avec humour, Jésus utilise des images tirées de ce qu’il a vécu dans sa maison, dans son atelier ou son village de Nazareth. Il a entendu le petit ver minuscule qui grignote les meubles. Il a constaté les trous que les mites sont en train de creuser dans nos lainages si bien rangés pour des jours à venir. Ces bestioles ne sont pas bien visibles. Mais elles sont destructrices. Le trésor caché qu’il nous propose est constructif de toute une vie.
UNE GRANDE VALEUR
A terme, cela revient à dire : recherche ce qui a une vraie valeur et donne-lui toute ta vie. “Celui qui a trouvé une perle de grand prix, de grande valeur, va vendre tout ce qu’il possède.”
Tout ! pour l’acquérir.
Le Christ répète ces formules radicales de multiples fois dans son évangile. Il invite le jeune homme très riche à vendre tout “pour le suivre, lui Jésus”. Il n’en deviendra pas pauvre, puisqu’il trouve une autre richesse. Il donne en modèle la très pauvre veuve qui donne si peu, mais, en fait, donne “tout ce qu’elle avait pour vivre”.
Dans ces paraboles, aujourd’hui, il répète par deux fois “Vendre tout ce que l’on possède pour acquérir le Royaume.” Le prix de cette fidélité à Dieu ne parait insupportable qu’à ceux qui ne connaissent pas la valeur infinie de ce que Dieu donne, en compensation, à ceux qui le choisissent. “Cherchez d’abord le Règne de Dieu et tout le reste vous sera donné par surcroît”. (Matthieu 6. 33)
Tout ! tout vous sera donné.
IL CONNAIT CE DONT IL PARLE
Quand saint Pierre fait remarquer à Jésus qu’il avait renoncé à tout pour le suivre, Jésus lui répond que ce renoncement est lourd de conséquences puisqu’il ira jusqu’à la persécution. C’est ce que sera sans doute le temps présent immédiat. Mais il lui fait savoir porter son regard plus loin, vivre dans une prospective, dans une perspective :”Dans le temps à venir, tu auras la Vie éternelle.” (Marc 10. 30)
Ce qui est vécu dans une société de consommation et de marketing, Jésus nous le demande de le réaliser dans notre vie spirituelle. Et il sait ce qu’il dit. Il a fait lui-même ce choix radical par son Incarnation, et il le renouvèlera jusqu’au Jardin des Oliviers. “Lui qui était de condition divine, ne retint pas le rang qui l’égalait à Dieu. Il s’est réduit à rien, s’abaissant jusqu’à mourir et mourir sur une croix.” (Philippiens 2. 5) Avant de nous le proposer, il a tout donné le premier, pour le Royaume de son Père et par amour pour nous.
Nous le rappelons en chaque Eucharistie, au moment d’offrir le sacrifice du Christ :”Prions ensemble au moment d’offrir le sacrifice de toute l’Eglise, pour la Gloire de Dieu et le salut du monde.”
Saint Paul, dans sa lettre aux Philippiens, ne fait que répercuter ces grands engagements à la suite du Christ. Chaque chrétien y est invité :”Nos épreuves du temps présent sont légères par rapport au poids extraordinaire de gloire éternelle qu’elles nous préparent. Notre regard ne s’attache pas à ce qui se voit, mais à ce qui ne se voit pas. Ce qui se voit est provisoire. Ce qui ne se voit pas est éternel.” (2ème Corinthiens 4. 17 et 18) Ce n’est pas s’attacher à de l’irréel, ce n’est pas miser sur du virtuel. C’est voir plus loin que la réalité immédiate. Il existe une autre réalité. Elle existe, même si elle est difficile à saisir, à comprendre, à cerner.
AVEZ VOUS COMPRIS TOUT CELA ?
Cette interrogation de Jésus est un des mots-clés répété cinq fois dans les paraboles que nous venons d’entendre durant trois dimanches : Matthieu 13.13. 14. 15. 19. 23. Bien comprendre quoi ? Jésus respecte notre liberté tout d’abord. On ne soumet pas sa vie à Dieu contraint et forcé, à contre-coeur. Pour adhérer à ce qu’il attend de nous, il nous faut comprendre la valeur du trésor et de la perle.
Quand les acteurs de ces paraboles décident librement de vendre tout, ils sont ravis de joie. Nos renoncements pour le Royaume de Dieu ne devraient pas nous rendre moroses. Jésus redira à ses disciples le même message positif et optimiste, dans les dernières confidences du Jeudi-Saint, avant de mourir :”Je vous ai dit tout cela pour que Ma joie soit en vous et que VOTRE joie soit parfaite.” (Jean 15.11)
La radicalité du choix que nous faisons pour Dieu n’aboutit pas à une soustraction, mais à un “plus”. La présence divine ne chasse pas l’humain. Elle le dynamise, le transfigure de l’intérieur. Le surnaturel n’exclut pas le naturel, il l’amplifie.
***
“Que tes mystères très saints, où ta grâce opère avec puissance, sanctifient notre vie de tous les jours et nous conduisent aux joies éternelles” (prière sur les offrandes)
Quel dommage que nous ne prenions pas le temps de méditer et peser la richesse d’une phrase si brève et si dense.

Commentaires du dimanche 30 juillet

Commentaires de Marie-Noëlle Thabut,
dimanche 30 juillet 2023
17e dimanche du Temps ordinaire

1ère lecture
Psaume
2ème lecture
Evangile

PREMIERE LECTURE – premier livre des Rois 3,5.7-12
En ces jours-là,
5 à Gabaon, pendant la nuit,
le SEIGNEUR apparut en songe à Salomon.
Il lui dit :
« Demande ce que je dois te donner. »
6 Salomon répondit :
7 « Ainsi donc, SEIGNEUR, mon Dieu,
c’est toi qui m’as fait roi, moi, ton serviteur,
à la place de David, mon père :
or, je suis un tout jeune homme,
ne sachant comment se comporter,
8 et me voilà au milieu du peuple que tu as élu ;
c’est un peuple nombreux,
si nombreux qu’on ne peut ni l’évaluer ni le compter.
9 Donne à ton serviteur un coeur attentif
pour qu’il sache gouverner ton peuple
et discerner le bien et le mal ;
sans cela comment gouverner ton peuple qui est si important ? »
10 Cette demande de Salomon plut au Seigneur,
qui lui dit :
11 « Puisque c’est cela que tu as demandé,
et non pas de longs jours,
ni la richesse,
ni la mort de tes ennemis,
mais puisque tu as demandé le discernement,
l’art d’être attentif et de gouverner,
12 je fais ce que tu as demandé :
je te donne un coeur intelligent et sage,
tel que personne n’en a eu avant toi
et que personne n’en aura après toi. »

UNE PRIERE BIEN INSPIREE
Salomon fut le successeur de David sur le trône de Jérusalem à une époque où toutes les tribus d’Israël étaient réunies sous une même couronne. On situe le règne du premier roi, Saül, dans les années 1030 à 1010 av.J.C environ, celui de David de 1010 à 973 et celui de Salomon de 973 à 933.
Le texte du livre des Rois que nous lisons aujourd’hui nous rapporte la première grande cérémonie de son règne. Le roi, fraîchement couronné, s’est rendu en pèlerinage au sanctuaire de Gabaon, à quelques kilomètres de Jérusalem, pour y offrir un sacrifice (mille animaux précise le texte) ; et là, il prononce la fameuse prière qui est restée dans la mémoire d’Israël comme un modèle. Mais, pour comprendre les enjeux de ce texte, il faut en relire le contexte : car à ne lire que ces seules lignes, on risquerait d’orner Salomon de toutes les qualités ! La réalité est moins flatteuse : son accession au trône avait été émaillée de péripéties peu vertueuses, intrigues politiques et assassinats compris. Trois frères aînés au moins briguaient la place, car David avait plusieurs autres fils (nés de mères différentes) plus âgés que Salomon ; ses chances de parvenir au trône étaient donc des plus minimes. Les luttes fratricides des aînés se chargèrent de déblayer le terrain (1er livre des Rois) et sa mère, Bethsabée, fit le reste : au moment où Adonias, le survivant des trois aînés, savourait déjà sa victoire, elle s’arrangea pour le griller de vitesse. Salomon fut sacré en grande précipitation à la source de Gihôn.
Et le peuple, prêt à tout, acclama ce nouveau roi, comme il aurait acclamé l’autre. Salomon était parvenu à ses fins, il était sur le trône. Il ne restait plus qu’à liquider les opposants, ce qu’il fit sans tarder. Ce n’était donc pas apparemment un grand saint qui se présentait devant Dieu ! Et si sa sagesse est proverbiale, on voit qu’elle ne lui est pas venue tout de suite ! Elle fut pour lui un don de Dieu. (Celui qui écrit ce texte compte bien que nous retenions cette vérité élémentaire).
Salomon savait que, maintenant, il fallait régner, ce qui était bien difficile, et c’est là qu’il fit preuve d’un commencement de sagesse et de lucidité. Car ce jeune roi, et c’est là tout son mérite, avait compris au moins une chose, première leçon de ce texte, c’est que la sagesse est le bien le plus précieux du monde (Matthieu parlera de trésor et de perle ; cf l’évangile de ce dimanche Mt 13, 44-46) et que Dieu seul détient les clés de la vraie sagesse. Ainsi la prière de Salomon au sanctuaire de Gabaon est-elle un modèle d’humilité et de confiance : « Je suis un tout jeune homme, ne sachant comment se comporter… Donne à ton serviteur un coeur attentif pour qu’il sache gouverner ton peuple et discerner le bien et le mal ; sans cela, comment gouverner ton peuple qui est si important ? »
AVIS A TOUS LES GOUVERNANTS
La deuxième leçon de ce passage concerne les rois d’abord mais aussi tous les détenteurs d’un pouvoir, quel qu’il soit : ce qui est remarquable dans la prière de Salomon, c’est que sa demande vise exclusivement le service du peuple. Il ne demande rien pour lui-même personnellement, il demande seulement les capacités nécessaires pour exercer la mission que Dieu lui a confiée. Le jeune roi prouve ici qu’il a parfaitement intégré l’idéal monarchique prescrit par Dieu à David (par l’intermédiaire du prophète Natan) : en Israël, dès le tout début de la royauté, les prophètes les uns après les autres rappellent à tous les rois qu’ils ne doivent avoir qu’un souci en tête, à savoir le bonheur et la sécurité du peuple qui leur est confié.
La réponse de Dieu insiste sur ce désintéressement tout à fait remarquable de la prière de Salomon : « Puisque c’est cela que tu as demandé, et non pas de longs jours, ni la richesse, ni la mort de tes ennemis (y a-t-il là une pointe d’ironie ? Dieu n’ignorait pas que Salomon s’en était fort bien occupé lui-même), mais puisque tu as demandé le discernement, l’art d’être attentif et de gouverner, je fais ce que tu as demandé : je te donne un coeur intelligent et sage, tel que personne n’en a eu avant toi et que personne n’en aura après toi. » Voilà qui dépasse toutes les espérances du jeune roi. Et Dieu ne s’arrête pas là : la liturgie, malheureusement, ne nous fait pas entendre la suite qui est pourtant une bien belle leçon sur la générosité de Dieu : « De plus, je te donne même ce que tu n’as pas demandé, la richesse et la gloire, si bien que pendant toute ta vie tu n’auras pas d’égal parmi les rois. » (1 R 3,13).
Belle révélation pour nous : ce n’était pas un grand saint qui se présentait devant Dieu, mais parce qu’il a prié humblement, il a été comblé ; cela fait penser à un certain publicain de la parabole (Lc 18,9-14) ; enfin et surtout, nous découvrons une fois de plus, grâce à Salomon, que Dieu continue à donner et pardonner quel que soit notre passé, si peu vertueux soit-il. Ainsi vérifions-nous le sens du mot « pardon » : c’est le don qui passe par-dessus toutes les offenses.
—————–
Compléments
1 – Lire la méditation puis la superbe prière que le livre de la Sagesse prête au roi Salomon : Sg 8,17-21 puis 9, 1-12. On sait que, malheureusement, vers la fin de sa vie, Salomon s’est écarté gravement de ce beau chemin de sagesse ; ses nombreuses femmes l’ont poussé à l’idolâtrie et il s’est laissé envahir par la mégalomanie du pouvoir. Il suffit de relire le résumé que Ben Sirac écrit de sa vie : Si 47,12-22.
2 – « De plus, je te donne même ce que tu n’as pas demandé, la richesse et la gloire, si bien que pendant toute ta vie tu n’auras pas d’égal parmi les rois. » : à rapprocher de Mt 6,33 : « Cherchez d’abord le royaume de Dieu et sa justice et tout cela (le reste) vous sera donné par surcroît. »
3 – Pour une introduction au livre de la Sagesse et aux livres Deutérocanoniques, voir au seizième dimanche du temps ordinaire – A, le commentaire de la première lecture.

PSAUME – 118 (119)
57 Mon partage, Seigneur, je l’ai dit,
c’est d’observer tes paroles.
72 Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche,
plus qu’un monceau d’or ou d’argent.
76 Que j’aie pour consolation ton amour
selon tes promesses à ton serviteur !
77 Que vienne à moi ta tendresse et je vivrai :
ta loi fait mon plaisir.
127 Aussi j’aime tes volontés,
plus que l’or le plus précieux.
128 Je me règle sur chacun de tes préceptes,
je hais tout chemin de mensonge.
129 Quelle merveille, tes exigences,
aussi mon âme les garde !
130 Déchiffrer ta parole illumine
et les simples comprennent.

LE SECRET DU BONHEUR EST BIEN SIMPLE
Dans la première lecture, nous avions vu que Salomon, tout au moins au début de son règne, avait tout compris : la vraie sagesse est le trésor le plus précieux, et elle ne peut venir que de Dieu. Dans ce psaume, c’est la même méditation qui continue : « Mon bonheur, c’est la loi de ta bouche, plus qu’un monceau d’or ou d’argent. »
Et le bonheur, d’après ce psaume, c’est donc tout simple ; la bonne route, pour un croyant, c’est tout simplement de suivre la Loi de Dieu. Le croyant connaît la douceur de vivre dans la fidélité aux commandements de Dieu, voilà ce que veut nous dire ce psaume : « Quelle merveille, tes exigences, aussi mon âme les garde ! »
Les quelques versets retenus aujourd’hui ne sont qu’une toute petite partie du psaume 118 (119 dans la Bible), l’équivalent d’une seule strophe. En réalité, il comporte 176 versets, c’est-à-dire 22 strophes de 8 versets. 22…8… ces chiffres ne sont pas dûs au hasard.
Pourquoi 22 strophes ? Parce qu’il y a 22 lettres dans l’alphabet hébreu : chaque verset de chaque strophe commence par une même lettre et les strophes se suivent dans l’ordre de l’alphabet : en littérature, on parle « d’acrostiche », mais ici, il ne s’agit pas d’une prouesse littéraire, d’une performance ! Il s’agit d’une véritable profession de foi : ce psaume est un poème en l’honneur de la Loi, une méditation sur ce don de Dieu qu’est la Loi, les commandements, si vous préférez. D’ailleurs, plus que de psaume, on ferait mieux de parler de litanie ! Une litanie en l’honneur de la Loi ! Voilà qui nous est passablement étranger.
Car une des caractéristiques de la Bible, un peu étonnante pour nous, c’est le réel amour de la Loi qui habite le croyant biblique. Les commandements ne sont pas subis comme une domination que Dieu exercerait sur nous, mais des conseils, les seuls conseils valables pour mener une vie heureuse. « Aussi j’aime tes volontés, plus que l’or le plus précieux. Je me règle sur chacun de tes préceptes, je hais tout chemin de mensonge. » Quand l’homme biblique dit cette phrase, il la pense de tout son coeur.
Et, non seulement la Loi n’est pas subie comme une domination, mais elle est accueillie comme un cadeau que Dieu fait à son peuple, le mettant en garde contre toutes les fausses routes ; elle est l’expression de la sollicitude du Père pour ses enfants ; tout comme nous, parfois, nous mettons en garde un enfant, ou un ami, contre ce qui nous paraît être dangereux pour lui. On dit que Dieu « donne » sa Loi et elle est bien considérée comme un « cadeau ». Car Dieu ne s’est pas contenté de libérer son peuple de la servitude en Egypte ; laissé à lui-même, Israël risquait de retomber dans d’autres esclavages pires encore, peut-être. En donnant sa loi, Dieu donnait en quelque sorte le mode d’emploi de la liberté. La Loi est donc l’expression de l’amour de Dieu pour son peuple.
LA REGLE D’OR
Il faut dire une fois de plus qu’on n’a pas attendu le Nouveau Testament pour découvrir que Dieu est Amour et que finalement la Loi n’a pas d’autre but que de nous mener sur le chemin de l’amour. Toute la Bible est l’histoire de l’apprentissage du peuple élu à l’école de l’amour et de la vie fraternelle. Le livre du Deutéronome disait : « Ecoute Israël : le SEIGNEUR notre Dieu est l’Unique. Tu aimeras1 le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force ». (Dt 6,4). Et le livre du Lévitique enchaînait : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même » (Lv 19,18). Voici le commentaire que les rabbins faisaient de ce verset : « Tu aimeras ton prochain, de sorte que ce que tu détestes pour toi-même, tu ne le lui feras pas à lui. » C’est ce que l’on appelait « la Règle d’or ». Et le célèbre rabbin Hillel qui a précédé Jésus de quelques dizaines d’années (il a vécu de -70 à + 10) commentait : « Ce que tu détestes pour toi-même, ne le fais pas à ton prochain : c’est là toute la Torah, le reste est explication. Va et étudie. » Il aimait dire également : « Ne juge pas ton prochain jusqu’à ce que tu sois à sa place ». Jésus était exactement dans la même ligne lorsqu’il disait que les deux commandements de l’amour de Dieu et de l’amour du prochain étaient le résumé de la loi juive. Quant à la « Règle d’or », il la reprenait à son compte en disant : « Tout ce que vous voudriez que les autres fassent pour vous, faites-le pour eux, vous aussi : voilà ce que disent la Loi et les Prophètes. » (Mt 7,12).
Pour revenir au psaume 118 (119), il ressemble bien à une sorte de litanie : après les trois premiers versets qui sont des affirmations sur le bonheur des hommes fidèles à la loi, les 173 autres versets s’adressent directement à Dieu dans un style tantôt contemplatif, tantôt suppliant du genre : « Ouvre mes yeux, que je contemple les merveilles de ta loi. » Et la litanie continue, répétant sans arrêt les mêmes formules ou presque : par exemple, en hébreu, dans toutes les strophes, reviennent huit mots2 toujours les mêmes pour décrire la loi. Seuls les amoureux osent ainsi se répéter sans risquer de se lasser.
Huit mots toujours les mêmes et aussi huit versets dans chacune des 22 strophes : le chiffre 8, lui non plus, n’est pas dû au hasard ; dans la Bible, c’est le chiffre de la nouvelle création : la première Création a été faite par Dieu en 7 jours, donc le huitième jour sera celui de la Création renouvelée, des « cieux nouveaux et de la terre nouvelle », selon une autre expression biblique. Celle-ci pourra surgir enfin quand toute l’humanité vivra selon la loi de Dieu, c’est-à-dire dans l’amour puisque c’est la même chose !
—————
Note
1 – « Tu aimeras le SEIGNEUR ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme et de toute ta force » : tu aimeras, ici, veut dire « tu t’attacheras » au SEIGNEUR ton Dieu, à l’exclusion de tout autre. (Le livre du Deutéronome lutte encore contre l’idolâtrie).
2 – On trouvera dans le commentaire de ce même psaume pour le sixième dimanche du temps ordinaire – A, une étude de vocabulaire.

DEUXIEME LECTURE – Lettre de saint Paul aux Romains 8,28-30
Frères,
Nous le savons,
quand les hommes aiment Dieu,
lui-même fait tout contribuer à leur bien,
puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour.
Ceux que, d’avance, il connaissait,
il les a aussi destinés d’avance
à être configurés à l’image de son Fils,
pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères.
Ceux qu’il avait destinés d’avance,
il les a aussi appelés ;
ceux qu’il a appelés,
il en a fait des justes ;
et ceux qu’il a rendus justes,
il leur a donné sa gloire.

DIEU PROPOSE, L’HOMME DISPOSE
Depuis plusieurs semaines, nous lisons le chapitre 8 de la lettre aux Romains : saint Paul contemple toute l’histoire de l’humanité, il la décrit comme une longue marche vers un avenir magnifique. Un jour, nous serons semblables à Jésus-Christ, nous serons à son image et nous ne ferons plus qu’un en Lui. Voilà le projet de Dieu : « les hommes sont appelés selon le dessein de son amour » (v. 28).
Le meilleur commentaire du passage d’aujourd’hui se trouve chez Paul lui-même dans sa deuxième lettre aux Thessaloniciens : « A tout moment nous devons rendre grâce à Dieu à votre sujet, frères, vous qui êtes aimés du Seigneur, puisque Dieu vous a choisis en premier pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et par la foi en la vérité. C’est à cela que Dieu vous a appelés par notre proclamation de l’Évangile, pour que vous entriez en possession de la gloire de notre Seigneur Jésus Christ. » (2 Th 2,13-14). Tout est là, dans ces quelques lignes, de ce que nous avons lu ces derniers dimanches dans la lettre aux Romains : ce projet de Dieu qui débouche sur notre union à Jésus-Christ (ce qu’il appelle « posséder la gloire de notre Seigneur Jésus Chrit »), l’œuvre de l’Esprit sur laquelle Paul insiste beaucoup, et enfin notre propre participation sollicitée, mais libre, évidemment, à ce dessein de Dieu. Ailleurs, dans la première lettre aux Thessaloniciens, Paul dit plus simplement encore : « Dieu vous appelle à son Royaume et à sa gloire. » (1 Th 2,12).
Nous sommes donc en chemin vers cette transformation de tout notre être, ce façonnage, pourrait-on dire, qui nous modèlera à l’image de Jésus-Christ. Plus haut, dans la lettre aux Romains, Paul comparait ce processus de transformation à une naissance : « La création tout entière gémit, elle passe par les douleurs d’un enfantement qui dure encore », disait-il (8,22). Ici l’image est plutôt celle de l’entrée dans une grande famille : Dieu nous a a « destinés à être configurés à l’image de son Fils, pour que ce Fils soit le premier-né d’une multitude de frères. » (v. 29). Quelques lignes auparavant, sur le même registre, il avait employé à notre sujet l’expression : « enfants de Dieu ». Et il avait continué : « Puisque nous sommes ses enfants, nous sommes aussi ses héritiers : héritiers de Dieu, héritiers avec le Christ » (8,17).
Pour entrer dans cette famille, la porte est ouverte à tous, mais nous restons libres. Dans le passage de la lettre aux Thessaloniciens que je lisais tout-à-l’heure, Paul emploie le mot « foi » : à l’appel de Dieu, sa proposition de participer au grand projet, au « dessein de son amour », nous répondons par la foi, la confiance : « Dieu vous a choisis en premier pour être sauvés par l’Esprit qui sanctifie et par la foi en la vérité. » Nous disons volontiers « L’homme propose, Dieu dispose », mais il me semble que Paul nous dit juste l’inverse : « Dieu propose, l’homme dispose ».
Car Dieu ne nous impose pas son projet, il nous le propose ; c’est pourquoi, depuis les origines de la Révélation, on entend Dieu appeler l’homme et lui proposer son Alliance ; un peu comme si Dieu inlassablement répétait : ‘Aime-moi, fais-moi confiance, puisque je t’aime.’ Paul nous dit en quelque sorte, ‘Dieu ne vous force pas la main, mais si vous décidez de lui faire confiance, de le laisser mener votre vie, soyez bien certains qu’il fera progresser son dessein en vous et par vous.’
LE PROJET DE DIEU EST SUSPENDU A NOTRE LIBERTE
Dans le passage d’aujourd’hui de la lettre aux Romains, notre liberté d’adhérer ou non au projet de Dieu est dite également, mais autrement : « Quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. » (v. 28). Le mot choisi ici par Paul « aiment » dit la réponse libre de l’homme à la proposition, l’appel de Dieu. Ce n’est pas un sentiment, c’est un élan, c’est l’adhésion de la « foi ». Il est l’équivalent du mot « foi » dans la lettre aux Thessaloniciens.
Il reste que les formules de Paul peuvent prêter à confusion : ici, il dit : « quand les hommes aiment Dieu, lui-même fait tout contribuer à leur bien, puisqu’ils sont appelés selon le dessein de son amour. » Mais alors on voit bien tout de suite l’objection qui pourrait jaillir : alors, pour ceux qui n’aiment pas Dieu, son plan d’amour n’existe-t-il pas ?
Bien sûr que si : croire que la bonté de Dieu est restreinte à quelques-uns serait une mauvaise lecture des paroles de Paul et de toute la Bible, la fameuse lecture du soupçon qui nous guette toujours. Le vrai croyant sait bien que le « dessein » de Dieu ne vise que notre bonheur ; il veut rassembler tous les hommes, et même l’univers entier, nous le savons bien. Mais nous restons libres de ne pas aimer Dieu.
Autre difficulté, Paul continue : « Ceux que, d’avance, il connaissait, il les a aussi destinés d’avance à être configurés à l’image de son Fils » ; et, à plusieurs reprises, il emploie cette expression « ceux que » : « Ceux qu’il avait destinés d’avance… ceux qu’il a appelés… ceux qu’il a rendus justes … ». N’imaginons pas qu’il y aurait les privilégiés, les chanceux et les autres. Dieu ne fait pas des choix comme les hommes peuvent en faire. Pour reprendre le vocabulaire de Paul, nous sommes tous « connus » de Dieu, « appelés, justifiés, introduits dans sa gloire », à condition de l’accepter, bien sûr.
L’expression « Ceux que, d’avance, il connaissait » n’est donc pas restrictive ; elle désigne sans limitation tous ceux qui acceptent d’entrer dans le projet de Dieu. Par ces formulations successives « Ceux qu’il avait destinés d’avance… ceux qu’il a appelés… ceux qu’il a rendus justes… », Paul décrit tout simplement l’itinéraire de tous ceux qui veulent bien entrer dans ce merveilleux plan de salut. En premier lieu, Dieu a envoyé son Fils ; c’est lui qui est « le commencement, le premier-né d’entre les morts, afin qu’il ait en tout la primauté. » (Col 1,18). Ainsi ceux qui répondent à l’amour de Dieu ressemblent à ce Fils qui a réalisé la volonté de salut du Père. « Ceux qu’il avait destinés d’avance, il les a aussi appelés ; ceux qu’il a appelés, il en a fait des justes ; et ceux qu’il a rendus justes, il leur a donné sa gloire. » Manière de dire que cette rencontre les a mis en harmonie parfaite avec Dieu (justifiés), rendus participants de sa nature divine (sanctifiés), et d’ores et déjà accueillis dans sa gloire (glorifiés).
Pas étonnant que Paul écrive dans le verset qui suit immédiatement cette contemplation : « Que dire de plus ? »
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Complément
Les prophètes ont annoncé à plusieurs reprises que le projet de Dieu est pour tous les hommes ; Isaïe par exemple : « Le SEIGNEUR de l’univers préparera pour tous les peuples, sur sa montagne, un festin de viandes grasses et de vins capiteux, un festin de viandes succulentes et de vins décantés… Et ce jour-là, on dira : ‘Voici notre Dieu, en lui nous espérions, et il nous a sauvés ; c’est lui le SEIGNEUR, en lui nous espérions ; exultons, réjouissons-nous : il nous a sauvés !’ » (Is 25,6… 9). Et ailleurs : « Ma maison s’appellera Maison de prière pour tous les peuples. » (Is 56,7 ; voir le commentaire de ce texte au vingtième dimanche du temps ordinaire – année A).
C’est bien ce que dit le texte de la lettre aux Ephésiens : « Dieu nous a fait connaître le mystère de sa volonté, le dessein bienveillant qu’il a d’avance arrêté en lui-même pour mener les temps à leur accomplissement ; réunir l’univers entier sous un seul chef, le Christ, ce qui est dans les cieux et sur la terre. »ù (Ep 1,9-10). C’est exactement cela que Paul contemple ici.

EVANGILE – selon saint Matthieu 13,44-52
En ce temps-là,
Jésus disait à la foule ces paraboles :
44 « Le royaume des Cieux est comparable
à un trésor caché dans un champ ;
l’homme qui l’a découvert le cache de nouveau.
Dans sa joie, il va vendre tout ce qu’il possède,
et il achète ce champ.
45 Ou encore :
Le royaume des Cieux est comparable
à un négociant qui recherche des perles fines.
46 Ayant trouvé une perle de grande valeur,
il va vendre tout ce qu’il possède,
et il achète la perle.
47 Le royaume des Cieux est encore comparable
à un filet que l’on jette dans la mer,
et qui ramène toutes sortes de poissons.
48 Quand il est plein, on le tire sur le rivage,
on s’assied,
on ramasse dans des paniers ce qui est bon,
et on rejette ce qui ne vaut rien.
49 Ainsi en sera-t-il à la fin du monde :
les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes
50 et les jetteront dans la fournaise :
là il y aura des pleurs et des grincements de dents.
51 Avez-vous compris tout cela ?
Ils lui répondent « Oui ».
52 Jésus ajouta :
« C’est pourquoi tout scribe
devenu disciple du royaume des Cieux
est comparable à un maître de maison
qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »

LA COURSE AU TRESOR
Voici quatre petites paraboles que Jésus développe pour parler du royaume des Cieux ; mais en dehors de ce point commun, on se demande quel est le lien entre elles ? Les deux premières semblent assez facilement compréhensibles : qu’il s’agisse du trésor caché dans le champ ou de la perle rare, le bénéficiaire est prêt à sacrifier tout le reste et la joie qu’il en éprouve compense largement la perte du reste.
La troisième parabole raconte un retour de pêche : il y a du tri à faire dans le filet ; « on ramasse dans des paniers ce qui est bon, et on rejette ce qui ne vaut rien. » Et Jésus ajoute : « Ainsi en sera-t-il à la fin du monde, les anges sortiront pour séparer les méchants du milieu des justes ». A noter que Jésus a déjà développé cette même image du tri dans la parabole du bon grain et de l’ivraie ; et nous avions noté que bons et méchants ne sont pas deux catégories distinctes d’hommes mais des comportements.
Ce rappel du jugement comparé à un tri sans appel dit la gravité des enjeux. Nous retrouvons là, en définitive, un thème très fort de l’enseignement de Jésus : « Nul ne peut servir deux maîtres » ; ou encore l’image de la porte étroite ou celle de la maison bâtie sur le roc. Et ces choix que nous avons à faire sont d’une extrême gravité. La sévérité de l’image du jugement est là pour nous le rappeler. Cela nous fait penser à la toute première prédication de la vie publique de Jésus : « Convertissez-vous : car le royaume des Cieux est tout proche. » (Mt 4,17). Et au jeune homme riche de biens matériels et spirituels qui vient lui demander : « Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ? », Jésus répond : « Si tu veux être parfait, va, vends ce que tu possèdes, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans les cieux. Puis viens, suis-moi ! » (Mt 19,16… 21). On connaît la suite : le jeune homme n’a pas compris le trésor que représentait cet appel de Jésus, il n’a pas, du coup, trouvé la force du renoncement et il s’en est retourné à sa vie ordinaire, tout triste.
On voit tout de suite, bien sûr, les exigences que Jésus pose ici pour notre vie de baptisés : à l’entendre, il n’y a pas de demi-mesure. Cela veut dire que tout, désormais, dans nos vies, se juge à la lumière du Royaume de Dieu. « Réintroduire dans nos pensées, nos jugements, nos comportements, une référence au Royaume de Dieu qui vient, disait Mgr Coffy, est aujourd’hui une tâche essentielle de l’Eglise. »
LES RENONCEMENTS NECESSAIRES
Ce sont ces trois premières paraboles qui permettent de comprendre la quatrième, car c’est là que Jésus voulait en venir : elle est précédée d’un court dialogue entre Jésus et ses disciples : « Avez-vous compris tout cela ? », leur demande-t-il et eux répondent Oui. Alors Jésus reprend : « C’est ainsi que tout scribe devenu disciple du royaume des Cieux est comparable à un maître de maison qui tire de son trésor du neuf et de l’ancien. »
Les scribes étaient familiers des Ecritures, c’est-à-dire de l’Ancien Testament, pétri de la foi et de l’espérance de leur peuple. Mais Jésus savait quel effort ils auraient à faire pour accueillir la nouveauté qu’il apportait par rapport à leurs idées préconçues et pour se mettre au diapason de Dieu ; il les met en garde d’une certaine manière : pour accueillir le Royaume, vous aurez vous aussi des renoncements à opérer. Vous allez devenir propriétaires d’un trésor fait de neuf et d’ancien. Il vous faudra savoir garder tous les acquis de l’Ancien Testament, tout son trésor de découverte du mystère de Dieu et, en même temps, vous préparer à accueillir la nouveauté révélée par Jésus-Christ.
Sur le rapport entre Ancien et Nouveau Testament, et notre trésor fait à la fois d’Ancien et de Nouveau, il faut relire cette phrase de Jésus :
« Ne pensez pas que je sois venu abolir la Loi ou les Prophètes : je ne suis pas venu abolir, mais accomplir. » (Mt 5,17). Nous savons combien les mystères révélés par Jésus s’enracinent dans la révélation de la première Alliance ; nous savons aussi que celle-ci trouve tout son son sens et son accomplissement en Jésus-Christ. Connaître l’Une et l’Autre, inséparablement, voilà le grand, l’unique trésor.
En y réfléchissant, on s’aperçoit que la vie de Paul est une illustration de ces quatre paraboles ; il suffit de relire les confidences qu’il fait aux Philippiens : après avoir énuméré ses titres de fierté en tant que Juif et Pharisien, il ajoute : « Tous ces avantages que j’avais, je les ai considérés, à cause du Christ, comme une perte. Oui, je considère tout cela comme une perte à cause de ce bien qui dépasse tout : la connaissance du Christ Jésus, mon Seigneur. À cause de lui, j’ai tout perdu ; je considère tout comme des ordures, afin de gagner un seul avantage, le Christ. » (Ph 3,7-8).
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NB
Tout ce passage est propre à Matthieu
 
 

Homélie du dimanche 23 juillet

Dimanche 23 juillet 2023
16éme dimanche du Temps Ordinaire

Références bibliques :
Livre de la Sagesse : 12. 13 à 19 : « Tu as pénétré tes fils d’une belle espérance. A ceux qui ont péché, tu accordes le pardon. »
Psaume 85 :  » Toi qui es bon et qui pardonnes, plein d’amour pour tous ceux qui t’appellent. »
Lettre de saint Paul aux Romains : 8. 26 et 27 : « L’Esprit-Saint vient au secours de notre faiblesse. »
Evangile selon saint Matthieu. 13. 24 à 43 : »De peur qu’en arrachant l’ivraie, vous n’arrachiez le blé en même temps. »
***
La patience de Dieu est celle-là même qui vient de l’Amour.
MALGRE LE MAL.
Le problème du mal est sans doute la plus grande objection que l’homme élève contre Dieu. Nous le savons au travers du Livre de Job. Chacun de nous, un jour ou l’autre, souffre dans sa chair par la maladie, dans son coeur par des blessures d’amour, dans sa conscience par la morsure du péché, dans sa famille, son travail et dans le monde entier par la difficulté des relations humaines.
Enfin la mort, pour tous, est le moment le plus douloureux quand un être aimé disparaît de notre vie. Cette fracture inéluctable et universelle est vécue comme une souffrance pour ceux qui restent, même si, dans la foi, nous savons que toute vie n’est que la préface que nous écrivons avant d’écrire le Grand livre de la vie éternelle.
Pourquoi y a-t-il tant de mal dans le monde ? Pourquoi l’arrivée du Royaume de Dieu n’a-t-elle pas balayé d’un seul coup toute souffrance et tout péché hors de ce monde ? Alors beaucoup vont jusqu’à dire : »S »il y avait un Dieu bon, tout cela n’existerait pas. »
Une réponse nous est donnée dans les paraboles de ce dimanche : l’ivraie, la graine de moutarde, le levain. Comme elle nous sera donné au dimanche de la Transfiguration
Le monde est le théâtre de deux semailles opposées : le Christ y sème le bon grain en vue de la moisson future. Un ennemi, qui peut prendre des visages différents selon les temps, y sème l’ivraie en vue de compromettre la moisson. Mais la moisson aura lieu, dit le maître avec un bel optimisme, certain des réjouissances futures des moissonneurs. L’Amour de Dieu sera vainqueur de tout mal « au jour final de la moisson, quand le Fils de l’Homme enlèvera de son Royaume tous ceux qui font tomber les autres et qui commettent le mal. »
DEUX REPONSES DE JESUS.
La première réponse que Jésus offre à notre foi, porte sur l’origine du mal. Le mal ne vient pas de Dieu, qui n’a semé que du bon grain dans le jardin d’Eden, mot hébreu qui signifie : »lieu de délices » ou « paradis » (Genèse 2.8). Personne ne serait assez fou pour semer du chiendent ou des chardons dans son jardin. Comment Dieu, suprêmement intelligent et bon, aurait-il pu semer du mal et de la souffrance dans son chef d’oeuvre, l’homme et la femme ?
Tout est bon dans la Création chante comme un refrain le livre de la Genèse « Et Dieu vit que cela était bon … très bon. »
La deuxième réponse est dans la dignité même de l’homme et de la femme. Si le mal ne vient pas de Dieu, il ne vient pas non plus du coeur de l’homme, ni même de sa nature humaine profonde. Il vient de celui que Jésus appelle « l’Ennemi ». Il y a deux semeurs : l’un sème en plein jour et en toute clarté ce qui est bon, l’autre survient « de nuit pendant que les gens dorment » pour semer le mal. C’est une expérience que nous connaissons bien, même en nous, où le péché s’infiltre sournoisement en profitant de nos moments d’inconscience. Souvent nous ne le reconnaissons qu’après coup.
Paradoxalement, la doctrine du « péché originel » (Genèse 3) réhabilite notre dignité. Le pécheur est d’abord « victime ». Le péché, le mal, la souffrance viennent de plus loin, du « Mauvais » par cette hérédité qui a marqué le comportement de notre nature humaine.
LA PEDAGOGIE DIVINE
« Laissez-les pousser ensemble jusqu’à la moisson « , car la moisson se fera. Personne n’est tout bon ni tout mauvais. Même chez ceux dont la vie nous paraît n’être qu’un champ d’ivraie, Dieu nous demande de découvrir le blé qui peut y pousser et qu’il veut engranger dans son grenier.
Reste aussi à calmer notre impatience et à laisser le semeur lui-même opérer le tri que nous prétendons faire, avant l’heure et à sa place, selon nos propres jugements et nos propres décisions. « Ne jugez pas », nous a souvent répété Jésus.
Cette consigne de « laisser pousser ensemble le blé et l’ivraie » peut nous sembler choquante. C’est pourtant la troisième et merveilleuse réponse de Jésus sur le problème du mal.
Dans nos propres vies et dans le monde, il y a un mélange de bon et de mauvais, de douceur et de violence, d’amour et de non-amour, de solidarités admirables et d’individualisme détestable. Péché et grâce sont inextricablement mêlés en nos coeurs. « Je ne fais pas le bien que je voudrais faire, avoue saint Paul, je commets le mal que je ne voudrais pas faire. (Romains 7. 19)
Au jour de la moisson finale, le mal aura été détruit et il n’y aura plus que l’amour, celui de Dieu qui accepte l’imperfection de notre amour. Pour Jésus, la victoire de Dieu sur le mal ne fait pas de doute. A la fin, l’ivraie n’arrivera pas à étouffer le bon grain.
Il nous faut donc croire à la miséricordieuse patience de Dieu, comme le dit la première lecture de ce dimanche : »Tu as donné, Seigneur, à tes enfants, la douce espérance qu’après notre péché, tu nous laisses le temps de la conversion. » (Sagesse 12. 19) L’histoire est remplie de grands pécheurs qui sont devenus des saints.
Jésus va donc jusqu’à nous conseiller de ne pas prendre le risque d’arracher ce qui est bon, en extirpant trop tôt et avec violence, ce qui est mauvais. Dieu accepte de nous supporter imparfaits, acceptons-le de nous-mêmes et de tous ceux qui vivent avec nous, acceptons-les autrement que nous le souhaiterions. Les accepter jusqu’à l’ivraie dans la patience, difficile certes mais qui doit imiter la grande patience de Dieu envers nous.
PEU DE CHOSES, BEAUCOUP D’AMOUR
Il y a une disproportion immense entre ce qui se vit en tout homme, et la grâce de Dieu qu’il reçoit. Le sénevé est la plus petite de toutes les graines et devient un arbre où les oiseaux peuvent y faire leurs nids. La minuscule pincée de levure dans les quarante kilos de farine fait lever toute la pâte.
C’est ainsi en nous-mêmes. C’est ainsi dans notre travail d’évangélisation. Le Royaume de Dieu semble dépourvu de tous les moyens qui assurent le succès du « marketing » des entreprises humaines. Jésus ne se faisait pas d’illusion sur la diffusion immédiate de son message. « Mon Royaume n’est pas de ce monde. » (Jean 18. 37) Mais il voyait plus loin, jusqu’à la fin des temps, quand Dieu sera tout en tous.
L’action de Dieu part de petits commencements pour réaliser de grandes choses. Malgré le mal qui prolifère mêlé au bien, malgré la petitesse de nos résultats aujourd’hui, nous croyons à l’Amour de Dieu. « Que ton règne vienne ! » Il est en train de grandir. C’est la vraie réponse au problème du mal.
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« Dieu très bon, reste auprès de ton peuple, car sans toi notre vie tombe en ruine. Fais passer à une vie nouvelle ceux que tu as initiés aux sacrements de ton Royaume. » (prière après la communion)