Pape malgré lui, profond théologien

Il est, avec les Saints Ambroise, Jérôme et Augustin, l’un des quatre grands docteurs de l’Eglise. Souhaitant une vie de moine, il sera finalement pape et engagera une profonde réforme. Il fait partie des trois et uniques papes que l’on nommera Grand.

Né à Rome vers 540, il est issu d’une famille chrétienne et patricienne. Une famille sainte car deux de ses tantes, Tharsilla et AEmiliane, ainsi que sa mère, Sylvie, sont également canonisées.

Devenu haut fonctionnaire romain, il le premier magistrat de Rome. Mais, à 35 ans, il décide de se consacrer à Dieu de manière plus radicale. Grégoire transforme alors la demeure familiale en monastère dédié à Saint André. Il adopte alors un style de vie monastique. Puis, à la mort de son père, il fonde, avec l’héritage, six monastères en Sicile. Son souhait : prier et obéir.

PAPE MALGRÉ LUI

Grégoire a le profond désir de la vie monastique. Pourtant, doué et brillant, homme d’une valeur morale et intellectuelle, l’Eglise l’appel. Il ordonné diacre par le pape et il est envoyé à Constantinople comme ambassadeur. C’est là qu’il rédige sa plus importante œuvre exégétique, l’Expositio in Job. De retour à Rome fin 585, Grégoire reprend sa vie monastique. Il devient conseiller et secrétaire du pape Pélage II, souverain pontife qui décède en 590. Grégoire est alors élu pape « par l’acclamation unanime du clergé et du peuple », ce qu’il refuse mais en vain. Il est consacré pape le 3 septembre 590. C’est pour cela que l’on fête ce jour.

Maison de Louis et Zélie Martin - CC BY-SA 3.0 Pierre-Yves Emile (1)

RÉ-ÉVANGÉLISATION DE L’ANGLETERRE

Il fixe la liturgie, réforme la discipline ecclésiastique, propage l’ordre bénédictin, envoie des missionnaires en Angleterre. C’est également un pape apprécié et respecté en Orient, auteur prolifique, notamment des « Dialogues », principale source sur la vie de St Benoît. Il instaure une réforme administrative importante à l’avantage des populations rurales, la restructuration du patrimoine des églises d’Occident, et, en cette période d’invasion et d’épidémie de peste, il parvient à instaurer un revenu régulier et des ressources abondantes pour la papauté, devenant alors une des premières puissances financières d’Occident.

Enfin, moine à ses débuts, il reste attaché à la vie monastique et donne à cette dernière une place importante dans l’action pontificale notamment en fondant de nouveaux monastères. Comme indiqué plus haut, la Grande Bretagne est au cœur du travail papale pour la restauration du christianisme. C’est ainsi que Grégoire enverra le futur Saint Augustin de Cantorbéry avec quarante moines en Angleterre. Il utilise les sites de cultures païennes pour évangéliser. Ainsi, dans un courrier on peut lire ces mots : « Les temples abritant les idoles dudit pays ne seront pas détruits ; seules les idoles se trouvant à l’intérieur le seront […]. Si lesdits temples sont en bon état, il conviendra de remplacer le culte des démons par le service du vrai Dieu ». Une technique pleine de tact et de raison.

Il continue de vivre une vie austère. Il meurt le 12 mars 604.

Anecdote : le chant grégorien qui porte son nom ne lui doit rien directement. Cette attribution est la conséquence d’une légende hagiographique racontant comment il composa les propres de la messe.

POSTÉRITÉ

Grégoire est considéré comme un grand penseur spirituel et théologien. Le pape Benoît XVI dira de lui : « Grégoire estimait que « le chrétien doit tirer de l’Écriture plus une nourriture quotidienne pour son âme que des connaissances théoriques… Il insistait sur cette fonction de la Bible car ne s’y intéresser que pour un personnel désir de connaissance veut dire céder à la tentation de l’orgueil » ».

Grégoire 1er est déclaré saint 50 ans après sa mort lorsque ses restes furent transférés sous un autel, qui lui fut dédié, à l’intérieur de la basilique St Pierre de Rome.