« Légaliser l’euthanasie comme acte de soin, ce serait corrompre le soin »

« Légaliser l’euthanasie comme acte de soin, ce serait corrompre le soin »

Fin de vie : Mgr d’Ornellas s’étonne que les inquiétudes des soignants ne soient pas entendues 

Entretien, dans La Croix du 20 février 2023, de Mgr Pierre d’Ornellas, responsable du groupe de travail « bioéthique » de la Conférence des évêques de France.

L’archevêque de Rennes réagit au vote, dimanche 19 février, de la Convention citoyenne sur la fin de vie en faveur d’une aide active à mourir.

Recueilli par Arnaud Bevilacqua pour La Croix

La Croix : Comment réagissez-vous au vote de la Convention citoyenne sur la fin de vie en faveur de l’ « aide active à mourir » ?

Mgr Pierre d’Ornellas : Je note que trois quarts des 184 citoyens s’opposent à 13 organisations de santé regroupant 800 000 soignants. Pourtant l’expertise des soignants qui côtoient l’ambivalence et la vulnérabilité est plus précieuse qu’une discussion entre personnes bien portantes. Les citoyens ont voté massivement pour les soins palliatifs, et ils n’écoutent pas ceux qui les pratiquent. Quel paradoxe !

Par ailleurs, la question posée par la première ministre – sur l’adaptation du cadre législatif sur la fin de vie aux différentes situations rencontrées – est en soi un piège : aucune loi ne peut répondre à toutes les situations. Le piège a fonctionné : si ce vote des citoyens dictait la loi, alors la porte est ouverte à toutes… 

Aumôniers d’hôpitaux : et la laïcité alors ?

Aumôniers d’hôpitaux : et la laïcité alors ?

Quel rôle ? Quelle place ? 

Débat sur la fin de vie, accompagnement des malades, présence religieuses auprès des souffrants : la place des aumôniers d’hôpitaux se retrouve (in)directement au coeur de l’actualité.

Dans notre société actuelle, la place de la fin de vie et l’accompagnement des malades, des souffrants, des plus fragiles est au coeur des débats. L’Eglise alerte et demande une « aide active à vivre » pour les patients. (In)directement lié à ce sujet d’actualité, la place des aumôniers dans les établissements de santé, « gardiens des âmes des patients, garants du lien avec le reste de la communauté ecclésiale » rappelle l’Eglise. 

Quel est le rôle d’un aumônier d’hôpital ? Comment se passe la rencontre entre les patients et les aumôniers de santé ? Et en hôpital psychiatrique ? Quelle place pour la laïcité ? 

Dans une série de 4 vidéos, l’Eglise en France vous propose de répondre à ces questions avec le témoignage de Jeanne Mombelli, responsable de la pastorale de la santé du diocèse de Montpellier, celui d’aumôniers en hôpitaux psychiatriques ou encore les explications de Costantino Fiore, aumônier national des hôpitaux.

La pratique religieuse à l’hôpital est un droit du patient. Faites-le connaître !

Nos vies face à la mort

Nos vies face à la mort

La question de la fin de vie dans notre société 

Aide active à mourir ou aide active à vivre ? Comment comprendre l’euthanasie ? Quels regards porter sur cette évolution de notre société ?
Comment répondre aux besoins des personnes souffrantes ?

« La dignité humaine est inviolable et inaliénable, quelles que soient les fragilités vécues. Qu’il est magnifique de prendre soin avec douceur et compétence de telle sorte que les souffrances humaines soient apaisées ! »
Eglise catholique de France –

Alors que le Comité Consultatif National d’Ethique vient de publier son rapport dans lequel il valide la possibilité d’un accès légal à une assistance au suicide, nous nous demandons comment réagir en tant que chrétien. Aide active à mourir ou aide active à vivre ? Comment comprendre l’euthanasie ? Quels regards porter sur cette évolution de notre société ? Comment répondre aux besoins des personnes souffrantes ?

DOSSIERS

Le 16 novembre a été donnée une conférence par le
Pr. Xavier Ducrocq, suivit d’une table ronde avec 3 intervenants.

Malheureusement, contrairement à ce qui été prévu, à la suite d’un problème technique (absence de son), nous ne sommes pas dans la capacité de vous proposer la rediffusion de cette soirée. Un entretien est néanmoins disponible sur RCF Vendée. 

« Comment comprendre que, quelques mois seulement après cette grande mobilisation nationale, soit donnée l’impression que la société ne verrait pas d’autre issue à l’épreuve de la fragilité ou de la fin de vie que l’aide active à mourir, qu’un suicide assisté ? », interrogent-ils.

« Nous avons des arguments de Foi pour dire notre choix d’être pour la vie jusqu’au bout […] et quand on ne peut rajouter des jours à la vie, rajouter de la vie aux jours« .

Conférence des évêques de France : « L’attente la plus profonde de tous n’est-elle pas l’aide active à vivre, plutôt que l’aide active à mourir ? »

A la demande du Saint Père le Pape François, le 14 juillet 2020, la congrégation pour la doctrine de la foi, après plusieurs années de réflexion,  a publié une lettre intitulée, « le bon samaritain » sur le soin des personnes en phases critiques et terminales de la vie.

VIDEOS

Colloque sur la fin de vie proposé par l’Espace Bonne Nouvelle à Rennes le mercredi 28 septembre 2022 en l’église Saint-Aubin de Rennes. Dr Claire Fourcade, Présidente nationale de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs, répond aux questions de Patrice Moyon, journaliste à Ouest France.

Dr Jean-Marie Gomas est l’un des fondateurs du mouvement des soins palliatifs, ancien médecin généraliste, gériatre, ancien chef d’Unité de Soins Palliatifs à l’AP-HP. Il est également enseignant universitaire, auteur de plusieurs ouvrages dont le premier livre mondial sur les soins palliatifs à domicile, et expert co-rédacteur pour les tutelles et les instances politiques sur les questions de l’euthanasie, de la fin de vie et des soins palliatifs.

« Quand l’esprit d’équipe nous anime, besoin de chacun pour « garder le fil ». Dans un contexte actuel difficile pour les établissements de soins, nous avons mobilisé les compétences de chacun, sans faire abstraction des difficultés quotidiennes. Ce projet a renforcé la cohésion de notre équipe de soins palliatifs et permis à tous d’y trouver un sens, tant artistique que professionnel.« 

Colloque sur la fin de vie proposé par l’Espace Bonne Nouvelle à Rennes le mercredi 28 septembre 2022 en l’église Saint-Aubin de Rennes, animé par Patrice Moyon, journaliste à Ouest France.

FILMS

Pourquoi des bénévoles s’engagent pour accompagner des personnes de la fin de leur vie jusqu’à leur mort ? Le film regarde au-delà de la générosité de ces personnes, vers quelque chose de plus profond. Il interroge la place de la mort dans notre société et le rôle de la mort dans notre vie quotidienne. Accompagnée de ces personnes bénévoles, nous allons à la rencontre d’un prêtre aumônier, d’une médecin chef de service des soins palliatifs et de ses étudiants en médecine. Nous partageons leurs expériences, recueillons leurs paroles, et ne cessons tout au long d’interroger en filigrane la question fondamentale d’éthique sur la dignité en fin de vie et l’euthanasie.

UNE COPRODUCTION KTO/NOMADE PRODUCTIONS FILMS 2022 – Réalisée par Caroline Puig-Grenetier

En s’inscrivant dans la période particulière de la fin de l’existence, le réalisateur Frédéric Chaudier regarde, écoute, accompagne les patients, les bénévoles, les équipes soignantes de la maison médicalisée Jeanne Garnier, à l’heure où ces voyageurs particuliers qui séjournent dans l’établissement, sont appelés à s’éloigner. Simple, belle et humaine, cette odyssée est une expérience tour à tour tendre, poignante, drôle et émouvante.

Un film de 93 min., de Frédéric Chaudier plongé au coeur de l’unité de soins palliatifs de l’établissement Jeanne Garnier à Paris.

Amy  (Zoe Saldana), étudiante, rencontre un jour un chef en Italie, Lino (Eugenio Mastrandrea). Tombés amoureux, ils vont vivre ensemble à Los Angeles, aux Etats-Unis. Mais un jour, Lino apprend qu’il est atteint d’un cancer en phase terminale… Une bouleversante odyssée entre amour, chagrin, résilience et espoir par-delà les cultures et les continents. 

Avec : Zoe Saldaña,Eugenio Mastrandrea,Keith David
Créateurs : Attica Locke,Tembi Locke

PODCASTS

Euthanasie : les évêques réagissent

Euthanasie : les évêques réagissent

« Une aide active à vivre »

A la suite de la publication de l’avis du CCNE ouvrant la possibilité d’une évolution de la législation sur la question de l’euthanasie, les évêques de France réagissent.

Alors que le Comité Consultatif National d’Ethique vient de publier son rapport dans lequel il valide la possibilité d’un accès légal à une assistance au suicide, nous nous demandons comment réagir en tant que chrétien. La Conférence des évêques de France a réagit dans une tribune publié dans le journal Le Monde : « L’attente la plus profonde de tous n’est-elle pas l’aide active à vivre, plutôt que l’aide active à mourir ? »

De son côté, sur les ondes de RCF Vendée, le père François Bidaud, vicaire général du diocèse de Luçon, nous disait «  »Nous avons des arguments de Foi pour dire notre choix d’être pour la vie jusqu’au bout » et nous invitait à « entrer en dialogue avec nos contemporains sur la base de notre raison » 

Conférence des évêques de France : « A l’écoute de malades, de soignants, de familles, d’acteurs des soins palliatifs, nous percevons que le besoin essentiel du plus grand nombre est d’être considérés, respectés, aidés, accompagnés, non abandonnés. Leur souffrance doit être soulagée, mais leurs appels expriment aussi leur besoin de relation et de proximité. L’attente la plus profonde de tous n’est-elle pas l’aide active à vivre, plutôt que l’aide active à mourir ? »

« Durant la crise liée au Covid-19, notre société a fait de lourds sacrifices pour “sauver la vie”, en particulier des personnes les plus fragiles (…) », font valoir les évêques de France. « Comment comprendre que, quelques mois seulement après cette grande mobilisation nationale, soit donnée l’impression que la société ne verrait pas d’autre issue à l’épreuve de la fragilité ou de la fin de vie que l’aide active à mourir, qu’un suicide assisté ? », interrogent-ils.

L’Avis du CCNE jette du brouillard sur la réflexion. Il utilise le même mot « fraternité » pour qualifier à la fois l’aide active à mourir et l’accompagnement par les soins palliatifs. Mais comment appeler fraternel le geste qui donne la mort à son frère qui la demanderait ?

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, responsable du groupe de travail « bioéthique » au sein de la Conférence des évêques de France

« Nous avons des arguments de Foi pour dire notre choix d’être pour la vie jusqu’au bout […] et quand on ne peut rajouter des jours à la vie, rajouter de la vie aux jours« . Sur RCF Vendée, le père François Bidaud nous invite à faire appel à la conscience : « Qu’est-ce que cela veut dire de demander à quelqu’un d’autre de donner la mort ?« 

Bioéthique : chacun est renvoyé à sa liberté et à sa responsabilité

Bioéthique : chacun est renvoyé à sa liberté et à sa responsabilité

Si la loi dit le droit, elle ne dit pas le bien !

Le socle de la « bioéthique à la française » dont notre pays était si fier est gommé : la dignité propre à tout être humain – petit et grand – n’est plus le point focal.

La loi de révision des lois de bioéthique vient d’être votée par l’Assemblée nationale. Malgré plusieurs années de débats, une logique s’est imposée qui fait de la dignité de l’être humain une valeur à géométrie variable. Le « large consensus » voulu par le Président de la République n’existe pas et l’on voit triompher une volonté idéologique malgré de nombreuses alertes – parfois de simple bons sens- exprimées par nos concitoyens.

Le socle de la « bioéthique à la française » dont notre pays était si fier est gommé : la dignité propre à tout être humain – petit et grand – n’est plus le point focal.

Face à cette loi, les évêques de France continuent de manifester une grande inquiétude et adressent un appel.

Maintenant que la loi de notre pays autorise de nouvelles transgressions, il importe plus que jamais que chacun trouve les moyens de la vigilance et d’un discernement personnel afin de faire ses choix en pleine conscience de ses conséquences éthiques.

La satisfaction d’un besoin -même légitime-, le principe d’égalité, les besoins de la recherche scientifique, la peur du handicap ne peuvent justifier qu’on traite l’être humain comme un matériau manipulable et éliminable.

Si la loi dit le droit, elle ne dit pas le bien. Ce nouveau cadre législatif fait sauter de nouvelles digues éthiques et renvoie chacun, plus que jamais, à sa responsabilité personnelle.

 

+ Mgr Éric de Moulins-Beaufort 
Archevêque de Reims
Président de la Conférence des évêques de France

Loi bioéthique : l’heure de la responsabilité a sonné

Loi bioéthique : l’heure de la responsabilité a sonné

La dignité humaine serait-elle à la merci des opinions des uns et des autres ?

Nul d’entre nous n’a inventé l’Homme. Chacun de nous a mission de le recevoir tel qu’il est avec sa beauté et sa complexité, en se laissant toucher au plus intime de lui-même par l’éclat de cette dignité.

Le 24 juin dernier, le Sénat a refusé de s’exprimer sur le projet de loi de bioéthique sorti de l’Assemblée en troisième lecture. De façon claire, ce refus manifeste que deux manières de considérer l’être humain et sa dignité sont irréconciliables. De façon inédite, le « large consensus » voulu par le Président de la République n’existe pas. Cet échec est d’autant plus grave que la loi de bioéthique n’est pas une loi comme les autres, puisqu’elle concerne la conception qu’on se fait de la dignité humaine et du respect que celle-ci engage chez tous.

Comment avancer maintenant ? Comment ne pas trembler en se prononçant pour ou contre cette loi car il y va en vérité d’une certaine conception de la dignité chez tout être humain, du plus petit au plus grand d’entre eux ? La dignité humaine serait-elle à la merci des opinions des uns et des autres ? Serait-elle à géométrie variable ?

Il est urgent de tirer les conséquences de cet échec qui blesse notre démocratie. Seul un moratoire qui donne du temps pour réfléchir collectivement en écoutant et en pesant les arguments des uns et des autres peut permettre l’émergence d’une pensée commune sur la dignité humaine, inséparable de la fraternité qui nous relie les uns aux autres car nous saurons ensemble que le plus petit comme le plus grand, le plus fragile comme le plus solide ont la même dignité du fait même qu’ils sont des êtres humains. Tel est le socle indispensable qui refondera notre pacte social et notre capacité de vivre ensemble dans notre nouvelle société gorgée de techniques et grevée par le « virus de l’individualisme » (Pape François).

Nul d’entre nous n’a inventé l’Homme. Chacun de nous a mission de le recevoir tel qu’il est avec sa beauté et sa complexité, en se laissant toucher au plus intime de lui-même par l’éclat de cette dignité. L’expérience auprès des plus fragilisés, l’art, la raison, la science et la religion projettent ensemble, chacun à sa manière, une vive lumière sur cette dignité. C’est à l’édification d’une société hospitalière de cette dignité que nous sommes tous appelés. Cette hospitalité se vérifie toujours par le respect effectif envers les plus vulnérables et les plus petits d’entre nous ainsi que par la solidarité mise en œuvre en leur faveur.

+ Mgr Pierre d’Ornellas
Archevêque de Rennes
Responsable du Groupe Bioéthique de la CEF