Loi bioéthique : l’heure de la responsabilité a sonné

Loi bioéthique : l’heure de la responsabilité a sonné

La dignité humaine serait-elle à la merci des opinions des uns et des autres ?

Nul d’entre nous n’a inventé l’Homme. Chacun de nous a mission de le recevoir tel qu’il est avec sa beauté et sa complexité, en se laissant toucher au plus intime de lui-même par l’éclat de cette dignité.

Le 24 juin dernier, le Sénat a refusé de s’exprimer sur le projet de loi de bioéthique sorti de l’Assemblée en troisième lecture. De façon claire, ce refus manifeste que deux manières de considérer l’être humain et sa dignité sont irréconciliables. De façon inédite, le « large consensus » voulu par le Président de la République n’existe pas. Cet échec est d’autant plus grave que la loi de bioéthique n’est pas une loi comme les autres, puisqu’elle concerne la conception qu’on se fait de la dignité humaine et du respect que celle-ci engage chez tous.

Comment avancer maintenant ? Comment ne pas trembler en se prononçant pour ou contre cette loi car il y va en vérité d’une certaine conception de la dignité chez tout être humain, du plus petit au plus grand d’entre eux ? La dignité humaine serait-elle à la merci des opinions des uns et des autres ? Serait-elle à géométrie variable ?

Il est urgent de tirer les conséquences de cet échec qui blesse notre démocratie. Seul un moratoire qui donne du temps pour réfléchir collectivement en écoutant et en pesant les arguments des uns et des autres peut permettre l’émergence d’une pensée commune sur la dignité humaine, inséparable de la fraternité qui nous relie les uns aux autres car nous saurons ensemble que le plus petit comme le plus grand, le plus fragile comme le plus solide ont la même dignité du fait même qu’ils sont des êtres humains. Tel est le socle indispensable qui refondera notre pacte social et notre capacité de vivre ensemble dans notre nouvelle société gorgée de techniques et grevée par le « virus de l’individualisme » (Pape François).

Nul d’entre nous n’a inventé l’Homme. Chacun de nous a mission de le recevoir tel qu’il est avec sa beauté et sa complexité, en se laissant toucher au plus intime de lui-même par l’éclat de cette dignité. L’expérience auprès des plus fragilisés, l’art, la raison, la science et la religion projettent ensemble, chacun à sa manière, une vive lumière sur cette dignité. C’est à l’édification d’une société hospitalière de cette dignité que nous sommes tous appelés. Cette hospitalité se vérifie toujours par le respect effectif envers les plus vulnérables et les plus petits d’entre nous ainsi que par la solidarité mise en œuvre en leur faveur.

+ Mgr Pierre d’Ornellas
Archevêque de Rennes
Responsable du Groupe Bioéthique de la CEF

Bioéthique aveuglée : Mgr Jacolin réagit sur RCF Vendée

Bioéthique aveuglée : Mgr Jacolin réagit sur RCF Vendée

Bioéthique aveuglée : Mgr Jacolin réagit sur RCF Vendée

A l’heure d’une épidémie qui continue, notre évêque sur RCF Vendée nous appelle à faire confiance à ceux qui nous gouvernent mais aussi à leur dire aussi ce qui ne va pas, notamment en matière législative.

Dans le viseur des évêques de France en ce moment : l’examen bientôt en seconde lecture de la loi de bioéthique au Sénat, l’élargissement de l’avortement à 14 semaines et même la possibilité d’avorter jusqu’à la veille de la naissance, mais aussi le projet de loi sur le séparatisme qui mettrait à mal l’instruction à la maison ou encore le caractère propre de l’Enseignement catholique. « Il faut mener un combat spirituel et aussi se manifester » enjoint notre évêque.

Mgr Jacolin essaye de nous faire aussi réfléchir sur les chiffres : « il y a cinq fois plus d’enfants avortés dans le monde que de victimes du Covid » [NDLR : au 01/02/2021 il y avait 2 227 900 morts liés Covid recensés depuis le début de la pandémie pour plus de 40 millions d’avortements en 2020 soit 18,8 fois plus et non 5 fois plus]. 

PODCAST : Eglise et bioéthique

PODCAST : Eglise et bioéthique

PODCAST : Eglise et bioéthique

Tout ce qui est techniquement possible est-il recevable du point de vue éthique ?  Comment protéger l’Homme en comprenant qu’il n’est pas un bien que l’on transforme ? Quel monde édifions-nous ? Aussi bien pour nous que pour les générations à venir ? Les questions soulevées par la révision des lois de bioéthique sont complexes.

Face à ces enjeux, la Conférence des évêques de France entend contribuer au débat. Elle propose, avec une série de podcast, une réflexion simple qui repose sur les principes fondamentaux de la préservation de la dignité humaine et qui invite chacun, à un discernement personnel et engagé.

Retrouvez ci-dessous la liste des épisodes :

 

  • Assistance médicale à la procréation ou AMP

Ouvrir l’assistance médicale à la procréation aux femmes seules ou aux couples de femmes, c’est instituer un droit à l’enfant au détriment des droits de l’enfant. C’est priver un enfant de père. C’est encourager la marchandisation des spermatozoïdes. C’est encourager, à terme, l’autorisation de la gestation pour autrui. 

➡ Pour aller plus loin : la fiche

  • Don de gamètes

Comme pour le don de sang ou d’organes, le principe de l’anonymat est appliqué au don de gamètes, les cellules reproductrices des humains. Pourtant, ce don a une vocation spécifique et unique : la procréation d’un nouvel être humain.

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  • Gestation pour autrui

Les enjeux de la légalisation de la gestation pour autrui sont colossaux : abandon de l’enfant par la femme qui l’a porté, éclatement de la filiation… Mais aussi marchandisation du corps de la femme (notamment des plus pauvres) et restriction de ses libertés, encouragement du trafic procréatif transformant l’enfant en objet de vente.

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  • Recherche sur l’embryon : l’humain devient un cobaye ?

L’embryon humain n’est pas un simple « matériel biologique » que l’on pourrait instrumentaliser pour alimenter la recherche et les progrès de la médecine. Il n’a pas besoin de « projet parental » pour exister à part entière et être respecté comme une personne. Depuis 30 ans, des « exceptions » au respect de l’embryon humain sont acceptées en vue de pouvoir effectuer des recherches.

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  • Intelligence artificielle : face à l’algorithme choisissons l’humain !

L’intelligence artificielle nous rend déjà la vie plus simple dans bien des domaines, mais elle peut aussi terriblement la contraindre si elle n’est pas encadrée. C’est pourquoi une vigilance est nécessaire afin que l’humain ne soit pas asservi aux machines. 


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  • Biologique et psychisme : l’homme n’est pas que du biologique

ll est scientifiquement prouvé que le psychisme et le vécu peuvent provoquer des réactions biologiques. Les domaines du biologique et du psychique sont en relation réciproque. Si la biotechnologie n’intègre pas cette dimension, elle passe alors à côté de la complexité de l’homme et risquent de le réduire à un objet productif.


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  • Thérapie génique germinale : des enfants génétiquement modifiés ?

La thérapie génique germinale laisse entrevoir des avancées scientifiques et des progrès thérapeutiques, notamment pour corriger les maladies génétiques. Mais la modification génétique directe des cellules reproductrices reviendrait à faire naître un être humain « génétiquement modifié », cela aurait des conséquences qui sont aujourd’hui imprévisibles sur toute sa descendance.

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  • Big data : ne noyons pas la liberté sous les données.

L’utilisation des mégadonnées, les big data, comporte des risques d’intrusion dans la vie privée. Le bénéficiaire des données ne doit pas seulement être le marché mondial. La liberté de chacun doit être préservée par le respect de son consentement et la protection de ses données.

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  • Le don d’organe : marchandisation et nationalisation du corps humain

Les nombreuses attentes de greffes émeuvent. Mais elles ne peuvent dispenser de respecter la liberté du « don ». Quand l’élargissement du principe de « consentement présumé » ne respecte plus la volonté du « donneur » ni de ses proches, plus rien n’empêche alors les dérives commerciales.


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  • Euthanasie : sommes-nous faits pour donner la mort ou la vie ?

En légalisant l’euthanasie ou le suicide assisté, on remet en cause l’interdiction de donner la mort, ceci aux dépens de toute culture d’accompagnement de la fin de vie. Le développement des soins palliatifs et la prise en charge de la grande dépendance sont les vraies garanties du respect de l’humanité de la personne.


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Bioéthique : « Un projet de loi qui bafoue les droits des plus faibles »

Bioéthique : « Un projet de loi qui bafoue les droits des plus faibles »

Bioéthique : « Un projet de loi qui bafoue les droits des plus faibles »

J’invite les français, qui voient aujourd’hui l’enjeu profond de ces questions de bioéthique, à s’exprimer fortement. Nous allons dans le mur en mettant comme seul critère le désir individuel.

Ce 4 février 2020, le Sénat a voté en séance plénière le projet de loi bioéthique, par 153 voix contre 143. Le texte, largement remanié par le Sénat, doit désormais repartir en deuxième lecture à l’assemblée nationale.

Je tiens à redire ma vive inquiétude face aux enjeux de ce projet de loi qui bafoue les droits des plus faibles de notre société, et nous entraîne vers une possible rupture anthropologique que nous ne pouvons accepter.

Je souhaite souligner le travail de plusieurs sénateurs qui ont posé certains gardes fous dont, l’interdit explicite de l’établissement de deux filiations maternelles ou paternelles sur un enfant, l’interdiction des embryons transgéniques et chimériques, la suppression de l’article autorisant l’autoconservation des gamètes, ou encore l’opposition marquée à la gestation pour autrui (GPA).

Dans l’entretien accordé à Catholiques en Vendée il y a un an, j’évoquais déjà les chrétiens mais aussi la population, les penseurs, les philosophes de la société civile dont les voix ont été étouffées à ce sujet.

J’invite les français, qui voient aujourd’hui l’enjeu profond de ces questions de bioéthique, à s’exprimer fortement. Nous allons dans le mur en mettant comme seul critère le désir individuel.

Je vous invite à rester vigilant dans l’action et la prière.

 

✠ Mgr François JACOLIN
évêque de Luçon

la bioéthique du monde d’après

la bioéthique du monde d’après

La bioéthique du monde d’après

Quel monde édifions-nous ? Quelle solidarité voulons-nous ? Aussi bien pour nous que pour les générations à venir. Les crises sociales et les alertes écologiques traduisent une réelle inquiétude, tandis que la pandémie du COVID-19 a révélé notre fragilité humaine et économique. La loi de bioéthique va-t-elle augmenter le désarroi ?

NOUS CHANGEONS D’ÉPOQUE

Il nous faut penser un nouveau progrès. Il ne se réalisera pas sans une vision commune de notre humanité et de son indispensable « fraternité ». Celle-ci exige des remises en question qui nous préservent de la toute-puissance de nos désirs et qui réajustent nos droits et nos devoirs les uns vis-à-vis des autres.

Si nos inquiétudes pour demain se cristallisent dans la crise écologique, nous assistons heureusement à une salutaire prise de conscience en vue de la préservation de la planète, notre maison commune. Il est désormais impossible de rester dans le monde ancien en ne considérant que les solutions techniques, ce qui aurait un effet dévastateur. Les consensus écologiques dessinent un autre progrès pour un monde nouveau, celui de la sobriété heureuse et du partage solidaire.

La bioéthique ne saurait rester étrangère à cette transition. Aujourd’hui, elle est tentée de valider les succès technologiques et le court-terme des profits du marché. Le projet de loi, dans son actuel mouture, semble s’y enfermer sans avoir conscience que l’être humain en est blessé. Certains plaident faussement qu’ainsi va le sens de l’histoire, ce que contredit le virage écologique qui s’impose à nous !

Ils s’affirment progressistes en ayant une vision étroite du progrès, qui ne considère pas vraiment la santé publique comme bien commun et qui exclut le respect dû à l’être humain le plus fragile !

LA BIOÉTHIQUE A BESOIN D’UNE SALUTAIRE PRISE DE CONSCIENCE

Elle doit entendre ces alertes, dont certaines sont devenues plus vives en raison de la pandémie :

  • Face aux défis liés au vieillissement de concitoyens de plus en plus nombreux, quelle nouvelle et juste solidarité allons-nous édifier en faveur de nos aînés ?
  • Face à une conception gestionnaire des soins selon laquelle un « patient » devient parfois un « client », comment promouvoir une médecine plus humaine pour tous, soutenue par une politique de santé davantage reconnaissante envers les soignants ?
  • Face à la volonté de tout maîtriser par les techniques biomédicales, comment discerner en raison les vrais enjeux ? Car les menaces sont réelles : marché des tests génétiques, robotisation et intelligence artificielle sans contrôle suffisant, expérimentation sur des embryons chimères, sélection accrue des enfants à naître, filiation sans paternité, maternité sans gestation, marchandisation de la procréation.

Plus que jamais, une vision audacieuse est nécessaire : grâce au « dialogue », qui est plus qu’un simple débat, développons une compréhension unifiée de la personne humaine en ses dimensions corporelle, psychique, sociale et spirituelle. Le corps n’est pas un matériau manipulable selon tout désir. Les liens humains fondamentaux ne sont pas configurables à volonté, fût-ce celle d’une majorité parlementaire.

Par sa filiation, chacun entre dans l’histoire d’autant plus serein qu’il aura été pleinement respecté dans sa dignité et dans ses droits fondamentaux, dès sa conceptionComment affirmer de façon péremptoire que priver délibérément un enfant d’un père n’est pas un mal pour l’enfant et respecte ses droits ?

N’est-ce pas jouer avec le feu que de lui imposer légalement un double lien maternel qui serait biologique avec une femme et gestationnel avec une autre ?

ACCUEILLIR LES DIFFÉRENCES ET FRAGILITÉS

De sa dignité découle la « gratuité » avec laquelle tout être humain, avec ses vulnérabilités et ses limites, est accueilli en raison de sa valeur sans prix. L’éthique ainsi fondée est capable de discerner les violences exercées sur lui et de s’y opposer. Elle résiste à la séduction des techniques nous entraînant dans les dérives de l’eugénisme.

« Fraternité » et « gratuité » permettent d’édifier la société inclusive désirée par tous : accueillir les différences et les fragilités, non comme des problèmes à éradiquer mais comme des sources d’humanité plus grande.

Voilà le chemin d’un progrès véritable et plus juste, qui conduit à ce monde nouveau ! Répondre au défi écologique, c’est inséparablement élaborer une autre bioéthique que celle de l’actuel projet de loi. Ne manquons pas ce rendez-vous grave et plein d’espérance. Sans une conscience renouvelée de l’éthique, le plus fragile sera soumis à la loi du plus fort, et le progrès escompté deviendra régression.

Il en va du sens de l’histoire et de notre responsabilité collective !

Mgr Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes, Responsable du Groupe Bioéthique de la CEF
Mgr Pierre-Antoine Bozo, évêque de Limoges
Mgr Nicolas Brouwet, évêque de Tarbes et Lourdes
Mgr Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio
Mgr Hervé Gosselin, évêque d’Angoulême
Mgr Vincent Jordy, archevêque de Tours
Mgr Matthieu Rougé, évêque de Nanterre
Père Brice de Malherbe, Département éthique biomédicale, Collège des Bernardins
Père Bruno Saintôt, Département éthique biomédicale, Centre Sèvres

Le 20 juillet 2020

Projet de loi bioéthique : le point de vue de l’Église catholique

Le 18 juillet 2019, le Conseil d’État, saisi par le gouvernement, a validé le projet de loi relatif à la bioéthique. Le projet de loi prévoit notamment d’étendre l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) aux couples de femmes et aux femmes célibataires. À l’occasion de la reprise des débats à l’Assemblée Nationale le 27 juillet 2020, Monseigneur Pierre d’Ornellas, archevêque de Rennes et président du groupe de Travail Eglise et Bioéthique, présente le point de vue de l’Église catholique sur ce projet de loi le 20 juillet 2020 à 14h30.

Pour une écologie fraternelle

Pour une écologie fraternelle

Pour une écologie fraternelle

A l’occasion de la révision des lois de bioéthique, Mgr Jacolin apporte un éclairage sur les enjeux de cette révision et sur l’attitude attendue des catholiques.

OÙ ALLONS-NOUS ?

Avec tous les hommes et toutes les femmes de bonne volonté, l’Eglise cherche à découvrir ce qui est bon pour l’homme. Lorsqu’elle est amenée à mettre en garde contre certains dangers, c’est dans le but positif de toujours vouloir le meilleur pour l’humanité.

La société a toujours évolué : c’est normal. Mais aujourd’hui, elle le fait dans une fuite en avant accélérée qui ne laisse pas d’espace au discernement de la raison. Ainsi, les désirs particuliers tendent à devenir le seul critère retenu, au détriment du bien commun dont les indicateurs les plus sûrs sont la recherche d’une harmonie avec l’ensemble de l’univers, le souci des générations à venir et le respect prioritaire accordé aux plus faibles.

Or, les actes personnels n’engagent pas que soi-même, mais, de proche en proche, impactent l’ensemble des relations sociales pour le présent et pour l’avenir. Par exemple, la crise écologique devrait nous rappeler que chaque chose dans la nature est en interconnexion et que toute action, individuelle ou collective, impacte l’avenir de l’humanité.

Aujourd’hui l’homme, dans un désir chimérique de tout maîtriser, cherche à manipuler non seulement la nature, mais aussi sa propre reproduction, sans trop se poser de questions sur les conséquences pour lui-même et pour les autres. Nous ne pouvons que le constater une fois de plus à propos du nouveau projet de loi sur la bioéthique qui se discute en ce moment au Parlement.

LA PROCRÉATION MÉDICALEMENT ASSISTÉE

Le principal sujet débattu concerne l’extension de la procréation médicalement assistée aux couples de femmes et aux femmes seules. Cette extension détourne la médecine de sa finalité propre. Il ne s’agit plus de soigner une maladie ou un handicap, mais de réaliser techniquement des prestations de services pour combler à tout prix des demandes individuelles qui n’ont plus rien à voir avec l’acte thérapeutique.

Surtout, par cette mesure, on brouille les notions de paternité ou de maternité qui sont au fondement de la construction personnelle des enfants et de leur intégration dans la société.  Cela concerne en premier lieu les liens de l’enfant avec la mère qui l’a porté dans son sein et noué intimement des liens irréductibles avec lui : cette mère ne peut être qu’unique. Cela concerne aussi le père dont le rôle, pour le bien de l’enfant, ne peut se réduire à être fournisseur de matériel génétique. Or les arrangements juridiques qu’on nous prépare tendent à saper les relations biologiques fondamentales de l’enfant avec sa mère et avec son père qui sont à la source du « vivre ensemble » de toute la société.

L’homme est un être culturel. C’est ce qui le distingue de l’animal et lui donne cette dignité propre d’être appelé à se construire dans une liberté responsable en relation avec les autres. Mais il tombe dans une décadence mortelle chaque fois qu’il utilise cette liberté en prétendant s’affranchir de ses racines corporelles et de la solidarité sociale.

On voit combien l’expression « procréation médicalement assistée » devient trompeuse. Ce n’est plus un acte médical dans le sens vrai du terme. Et la belle expression de « procréation » – à savoir la création ensemble, père et mère, d’un petit d’homme – est vidée de son sens.

LA RECHERCHE SUR L’EMBRYON HUMAIN OU LA TENTATION DE L’EUGÉNISME

En 1994 la loi avait entrouvert la porte, sous forme de dérogations, à une utilisation pour la recherche médicale de cellules souches issues d’embryons. Dans le projet de loi actuel, sous la pression d’officines en recherche médicale, la porte est maintenant grande ouverte : il n’y a plus de limite à la reproduction de cellules embryonnaires, toujours issues d’embryons sacrifiés. On veut aussi aller jusqu’à autoriser la création d’embryons transgéniques ou l’introduction de cellules humaines dans des embryons d’animaux.

Ainsi on reconnaît de moins en moins à l’embryon une dignité propre à la personne : il entre dans la catégorie des objets manipulables et soumis aux lois du progrès technique et du marché : « science sans conscience n’est que ruine de l’âme ».

LE DEVOIR DE DÉBATTRE ET ALERTER

Il y aurait encore d’autres aspects du projet de loi à commenter. Mais ce qui précède est suffisamment grave pour que chacun, en tant que citoyen soucieux du bien commun, exprime publiquement ses convictions en les argumentant et que des actions collectives soient envisagées, avec force mais sans violence.

Il n’est pas dans la vocation de l’Eglise d’organiser habituellement des manifestations publiques, mais il existe des associations ou des collectifs, d’inspiration chrétienne ou non, pour défendre une saine conception de la personne et de la famille. C’est le cas pour la manifestation nationale du 6 octobre prochain.

L’ESPÉRANCE DANS L’AMOUR FRATERNEL

Le désir d’enfant – qui n’équivaut pas à un droit à l’enfant – est un beau désir, un désir naturel qui est une expression du besoin d’aimer et d’être aimé, du besoin de se donner pour quelque chose de grand qui va plus loin que soi, dans un don désintéressé de soi-même. Ce désir, en particulier pour les femmes, de concevoir et d’enfanter est toujours à respecter dans son principe. Mais le bien supérieur de l’enfant n’autorise pas qu’il soit satisfait à n’importe quelle condition.

Accueillons comme des frères et des sœurs tous ceux et toutes celles qui ont ce désir dans le cœur et qui souffrent de ne pouvoir le réaliser. Notre sollicitude et notre amitié apaiseront plus « humainement » la tristesse du manque d’enfant que les « bricolages » souvent douloureux que pourrait nous offrir la technique, même avec la caution de lois de circonstance : seule la fraternité effective ouvre le chemin de l’espérance pour l’humanité !

À Luçon, le jour de la fête de saint Henri Dorie, 20 septembre 2019

✠  François JACOLIN
Evêque de Luçon

PMA, GPA, euthanasie… – Interview de Mgr Jacolin

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