Voir l’opportunité écologique avec la Foi

Evoquant « une opportunité écologique », dans la suite de l’élan de « Laudato Si », les évêques invitent les chrétiens à s’engager pour vivre une écologie intégrale, respectueuse de l’homme et de la Création. 

UN APPEL À SE CONVERTIR

Regarder en face ce que l’on peut appeler la contrainte ou la menace écologique, mais la voir plutôt comme une « opportunité écologique ». C’est en ces termes que Mgr Eric de Moulins-Beaufort, président de la conférence des évêques de France, a conclu l’assemblée plénière de novembre 2019. Un appel à se convertir, en gardant l’espérance au cœur. « Si le bouleversement de la conversion fait toujours un peu peur, il rend aussi joyeux, puisqu’il ne s’agit pas de se laisser aller vers la mort, mais vers une vie plus pleine en se laissant approcher davantage par le Seigneur qui vient et en allant vers lui d’un plus décidé ».

Le constat est grave aujourd’hui sur l’état de notre planète. Mais Mgr de Moulins-Beaufort le rappelle avec force : « Notre foi nous fait résister à l’idée d’un destin inéluctable. Nous savons la force de la liberté. Mais il y a de l’irréversible, nous ne pouvons pas nous voiler la face et nous avons le devoir d’aider les fidèles et tous ceux qui veulent bien nous écouter à regarder la réalité en face ». Ainsi, les différents intervenants, invités par les évêques, ont donné des pistes, « des chemins pour changer de mode de vie, de manière plus ou moins radicale, en nous assurant que le jeu en valait la chandelle, car ce changement ne nous permettrait pas seulement de survivre, il nous permettrait de vivre mieux, nous et des milliards d’autres avec nous », souligne le président de la CEF. « Il y a aujourd’hui une urgence à opérer des changements nécessaires aussi bien dans nos habitudes quotidiennes que dans les grandes orientations de nos sociétés ».

3 PISTES D’ACTION

Trois pistes, non exhaustives, ont ainsi été proposées par Mgr de Moulins-Beaufort pour aider chaque chrétien à avancer : essayer de vivre la sobriété, exigeante certes, et qui demande de la patience, mais qui s’avère aussi être source de joies. Avoir une consommation responsable, comme invitait le Pape Benoît XVI dans l’encyclique « Caritas in veritate », pour pouvoir « se dégager de la fascination pour la consommation facile de nos sociétés de surabondance ». Enfin, aspirer à une économie qui ne serait plus une économie de la quantité des produits mais de la qualité des liens. « Moins de biens, et plus de liens ! ».

VIVRE LA SOBRIÉTÉ

Pour Guillaume Veilhan, responsable de la pastorale des jeunes et de l’aumônerie de l’enseignement public dans le diocèse de Luçon, qui a participé avec Mgr Jacolin et Vincent Pipaud, un autre laïc, à une partie de l’assemblée plénière, il s’agit désormais d’envisager l’avenir avec confiance, en donnant aux jeunes générations toute leur place. « En tant que responsable des jeunes, j’ai vu ma participation à l’assemblée plénière comme un grand privilège et une chance ! Au cours des interventions ont été abordés deux axes : celui de l’écologie environnementale (liée à l’agriculture, l’agronomie…) et celui de l’écologie basée sur les relations humaines. Comment vivons-nous donc les relations à la planète et les relations aux autres ? Nous avons entendu à Lourdes qu’il y a quatre axes de relation : moi, les autres, la planète et Dieu »

Il poursuit : « Sur l’écologie environnementale, certes aujourd’hui, on entend souvent le discours défaitiste et noir sur l’état de notre planète. Cet état est réel, mais il ne faut pas oublier que des personnes s’investissent pour que cela change, et qu’il reste une part d’espérance, portée notamment par les jeunes générations. Nos modes de consommation aujourd’hui m’interpellent. Nous avons à réfléchir pour les faire évoluer vers une plus grande sobriété. Cette sobriété, nous sommes aussi appelés à la vivre dans nos relations humaines. Parfois, j’ai l’impression que l’on peut utiliser l’autre pour qu’il fasse quelque chose pour nous, sans l’accueillir comme il est. N’oublions pas que nous sommes aussi appelés à « être », et pas seulement à « faire ». Notre rôle de chrétiens est de travailler sur ce lien entre notre monde et Dieu, de porter cela dans la prière et aussi de nous interroger pour rendre accessible l’aspect écologique présent dans les Ecritures. Auprès des jeunes, c’est ce que je souhaite développer : les amener à cet éveil spirituel, à donner un sens aux choses, à « être » pour mieux « faire ».

De son côté, Vincent Pipaud, éleveur de vaches maraîchines et des chevaux de traits à Saint Hilaire-de-Riez, retient plusieurs éléments des échanges vécus à Lourdes : « Pour moi, la conversion écologique fait aussi partie de notre conversion de chrétien. Il s’agit de partager, agir avec sobriété, écrire de nouvelles relations, guidées par la fraternité et l’amour. Nous avons aussi à rappeler notre foi en l’amour de Dieu, cet amour infini qui nous donne confiance pour changer, se convertir à l’écologie. Bien sûr, il faut que grandisse notre conscience face à ces enjeux. Se former par nous-même, en petit groupe en paroisse et autres, étudier les textes d’Evangile, les écrits de nos saints et papes. C’est ainsi que nous devons réellement s’informer sur ces questions liées à nos vies. Enfin, laisser de la place dans sa tête et son cœur et prier ensemble ».

Anne Detter-Leveugle (Extraits du dossier de Catholiques en Vendée N°182 – Décembre 2019)

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