Pourquoi l’Eglise s’exprime en matière d’éthique médicale ?

« Les questions de bioéthique mettent souvent au premier plan le rappel de la dignité de la personne… C’est le principe fondamental sans lequel il est impossible d’arriver à un jugement éthique face aux conquêtes de la science qui interviennent directement dans la vie humaine »
(Benoit XVI, 13 février 2010, Assemblée Générale du Conseil Pontifical pour la vie).

CORPS ET ÂME

L’Eglise a les yeux rivés sur le Christ et la figure du Christ-médecin traverse les Evangiles à travers les multiples guérisons opérées par Jésus. Or, le Christ ne se contente pas de purifier les corps, Il s’adresse au cœur, à l’âme de la personne : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé » dit-Il au lépreux après l’avoir guéri (Luc 17,19). Les deux sont indissociables et la notion de dignité humaine s’applique à l’ensemble.

Pour le Christ, aucun homme n’est indigne de son Amour. Il va auprès des plus pauvres, petits, délaissés, méprisés et des plus pêcheurs car « ce ne sont pas les bien-portants qui ont besoin du médecin mais les malades » (Mt 9,12). A sa suite, l’Eglise catholique s’est, de tout temps, tournée vers les plus faibles, les plus vulnérables à travers la création des Hôtel-Dieu, des ordres hospitaliers ou les moines médecins du Moyen Age. De cette expérience, elle a pu tirer un certain nombre de principes moraux comme celui du « double effet » qui permet, sous certaines conditions, de poser un acte dont un effet est bon et l’autre mauvais ou la distinction « entre moyens ordinaires et extraordinaires » pour préserver la vie humaine que l’on retrouve dans la Loi Leonetti de 2005 sous la forme de l’interdiction de l’acharnement thérapeutique.

L’EGLISE DOIT FAIRE ENTENDRE SA VOIX

Le moteur de cette compassion pour son prochain et de l’affirmation de la dignité de toute vie humaine, l’Eglise les trouve dans la nature même de l’homme, seule créature voulu par Dieu pour elle-même. Dieu a créé l’homme à son image et a mis au plus profond de lui une loi naturelle qui lui dit « Fais le bien, évite le mal ».

Les dix commandements viennent expliciter cette loi naturelle que l’homme, par sa raison, pourrait trouver de lui-même : « Il est bon de ne pas tuer, de ne pas voler … etc …». En matière de morale, ce ne sont pas dix « coups de règles sur les doigts » que Dieu nous a donné à travers ces commandements, mais « dix paroles d’amour» pour nous guider vers le bien et la vérité qui rend libre.

Forte de cette certitude, de sa vision unifiée de l’homme « corps et esprit » et de son expérience dans le domaine de la santé, l’Eglise peut et doit faire entendre sa voix sur les questions d’éthique médicale dans un monde où « éthique et morale » ne font pas toujours bon ménage comme aimait à le souligner le professeur Jérôme Lejeune : « Les gens qui parlent d’éthique ont souvent envie de larguer la morale. Bien que ces deux mots désignent exactement la même chose, à savoir la science des mœurs, celui qui parle de morale entend que les mœurs devraient se conformer à des lois supérieures, alors que celui qui parle d’éthique sous-entend que ce sont les lois qui devraient se conformer aux mœurs même très inférieures. La morale n’a pas bonne presse et ne l’a jamais eu. C’est le mode d’emploi, la notice d’entretien et le code de la route de la nature humaine ».

Par Claudia Vichatzky, médecin généraliste,
modératrice de l’ex-conseil épiscopal d’éthique médicale

Conférence « Eglise & Société » :  Accompagner la fin de vie

(avec le père François Buet)

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