Le jeûne : une expérience spirituelle 

Lorsque nous entrons en Carême, nous parlons de 3 piliers. Parmi eux, le jeûne. Mais le jeûne est-il toujours actuel ?

Le christianisme n’innove pas en incluant le jeûne comme un cheminement spirituel. Il est un fait de toutes les grandes religions. Le jeûne y est connu comme une pratique de purification pour une délivrance[1].

 Dans l’expérience religieuse des peuples, le jeûne traduit une marque de proximité par rapport à la divinité. On fait quelque chose pour faire signe. On sait que le geste de l’homme est insignifiant par rapport à la sagesse de Dieu et à sa grandeur mais, on fait un pas qui pourrait se traduire en termes de dévotions, de privation et de scarification. L’idée générale que l’on pourrait retenir de l’expérience religieuse des peuples, c’est que le geste de l’homme, aussi insignifiant soit-il, le rapproche de Dieu.

« Le jeûne dans les temps nouveaux de l’Eglise est une expérience spirituelle »

L’Ancien testament donne beaucoup de récits de jeûnes. Ils sont individuels (2 Sam 12, 16-19). Ils sont collectifs (Jonas 3). Dans les deux cas, ils traduisent l’humiliation de l’âme (Lev 16.29; 23.27). Les enseignements de Jésus sur le Jeûne dans le Nouveau Testament s’appuient donc sur la miséricorde de Dieu. On peut donc dire que si l’expérience spirituelle des peuples, dans la pratique du jeûne, s’adresse au DIEU inconnu, le Dieu auquel le jeûne s’adresse dans le Nouveau Testament est le Dieu des miséricordes qui voit dans le secret (Mt6, 16-18). Le jeûne dans les temps nouveaux de l’Eglise et de l’espérance chrétienne est ainsi une expérience spirituelle qui creuse en nous le désir de Dieu et notre besoin d’être de son royaume : « Les invités de la noce pourraient-ils donc être en deuil pendant le temps ou l’Epoux est avec eux ? Mais des jours viendront ou l’Epoux leur sera enlevé ; alors ils jeuneront » (Mt 9, 15)

Autrefois, le jeûne était très rigoureux. Il s’est progressivement adouci. Depuis 1949, le jeûne de carême est limité à deux jours, le mercredi des cendres et le vendredi saint, et il doit être fait dans un souci de solidarité et de partage avec les plus faibles d’entre nous. L’Église ne nous ordonne de jeûner que deux fois l’an, ce qui est fort peu. Si on prend un repas à midi, on ne prend qu’une légère collation le soir. Sont dispensés de jeûner en carême les personnes de plus de 60 ans, les jeunes de moins de 18 ans accomplis et les femmes enceintes[2].

[1] Cf. Paul Poupard, Dictionnaire des religions, P.U.F, 1984, p. 1038
[2] Cf. le site de la conférence des évêques de France.

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