Mgr Jean Bondu nommé évêque auxiliaire de Rennes 

Le pape François a nommé ce mercredi 30 novembre, Mgr Jean Bondu, jusqu’à présent Vicaire épiscopal du diocèse de Luçon et curé-doyen de Challans du diocèse de Luçon, évêque auxiliaire de Rennes. L’ordination épiscopale le dimanche 22 janvier à 15 h 30, à la cathédrale de Rennes.

Monseigneur Jean Bondu, nommé évêque auxiliaire de Rennes

Quelle a été votre réaction à l’appel du Nonce ?

Mgr. Jean Bondu : La surprise. Parce que, quand le nonce m’a appelé, je venais de recevoir un de mes collègues prêtres, qui m’a annoncé son départ, son retour en Corée. Il était Fidei donum depuis quinze mois. Pour des problèmes de langue, vraiment, il n’y arrive pas. Et après réflexion, après une retraite, il venait m’annoncer son départ définitif pour Séoul. Et voilà que le nonce me convoque, que j’apprends dans la journée, que le Pape me nomme auxiliaire à Rennes. Et là, je me dis : « Mais deux départs, ce n’est pas possible ! » Ma première réaction, c’était celle-ci. Et puis après, devant le nonce, je lui ai dit : « Dieu est grand et moi je suis tout petit ». Et donc la mission ne m’a pas effrayé parce que je suis un peu habitué à des missions diocésaines. Mais en même temps, je me suis dit : « Mais qui suis-je ? Ma pauvreté, mon péché, mes limites… » Voilà, ça a été ça la première réaction, l’ensemble des premières réactions.

Comme prêtre, quel a été votre parcours, vos missions et rencontres ?

Mgr. Jean Bondu : J’ai été ordonné en 1992 et l’évêque de l’époque, Monseigneur François Garnier, m’a envoyé pour faire mes armes, si je peux dire, aux Sables d’Olonne. J’ai été pendant six ans vicaire aux Sables d’Olonne pour accompagner la catéchèse et la pastorale des jeunes. Et puis, dans la communauté paroissiale, participer, comme je le pouvais à l’animation de cette communauté. C’est l’ancien vicaire général, qui était devenu curé, qui m’a beaucoup conseillé à l’époque. Et ensuite, on est venu me trouver, là aussi de la part de l’évêque, pour que je reprenne des études à Paris, à l’Institut supérieur de pastorale catéchétique, à la Catho de Paris. J’y suis allé pendant deux ans. J’étais dans le même temps à la paroisse, à Saint-Jacques du Haut Pas dans le Xème, avec Jean-Noël Besançon qui avait beaucoup travaillé la catéchèse et la vulgarisation du message évangélique. Donc deux années très, très riches, avec un prêtre d’Annecy aussi, qui est actuellement vicaire général à Annecy.

Et ensuite je suis revenu et Monseigneur Garnier m’a nommé responsable du service de catéchèse. Et là, j’ai été pendant neuf ans à essayer de former les catéchistes, à aller sur le terrain pour rencontrer les parents, à vivre des rassemblements avec les enfants, rassemblements diocésains ou aux rassemblements plus modestes, locaux. Et puis à écrire des parcours de catéchèse, à l’époque où on refaisait des parcours pour qu’ils puissent davantage coller à l’actualité et à la manière de transmettre l’Évangile aujourd’hui. C’est à ce moment-là que nous avons fondé l’École de prière en 2003. Pour les enfants de CP à CE1. C’est assurément une belle initiative qui rassemblait jusqu’à 400 enfants, trois jours par an. Vraiment, ça a participé à la découverte de l’intériorité chez les enfants.

Monseigneur Garnier est parti pour Cambrai, c’est Monseigneur Santier qui est arrivé et lui m’a appelé à entrer au conseil épiscopal pour la pastorale des jeunes. Il me nommait responsable de la pastorale des jeunes avec une femme zélée et merveilleuse : Marie-France Violleau. Avec elle, on a pu à la fois emmener des jeunes à Taizé, on a pu essayer de vivre, de préparer les JMJ. Ça a été Cologne et Sydney. Et puis l’accompagnement des mouvements de jeunes qui existaient : la JOC, le MEJ, le scoutisme. Ça a été une période très, très riche aussi. Et puis ensuite est arrivé Monseigneur Castet, lui m’a nommé vicaire épiscopal du centre. J’étais toujours à la catéchèse et la pastorale des jeunes. Et au bout de deux ans, il m’a appelé à être vicaire général alors qu’il y en avait déjà un. J’étais le second vicaire général de Monseigneur Castet. Moi étant à La Roche et le père Jacques Gomart étant à Luçon.

Donc j’ai accompagné dans les conseils épiscopaux trois évêques différents Monseigneur Santier, Monseigneur Castet et dernièrement Monseigneur Jacolin, puisque, arrivé en 2010, il m’a gardé dans son conseil. Et j’avais obtenu quand même de devenir curé après avoir été trois fois administrateur paroissial de trois paroisses différentes. Mais l’administration d’une paroisse, c’est une année en attendant un curé. Et donc j’ai obtenu d’être curé. Ici, à Challans. Il y a cinq communes et on vient de fusionner les cinq communes, les deux paroisses qui existaient pour en faire qu’une seule, la paroisse Saint Charles de Foucault.

L’interview en vidéo de Mgr Jean Bondu

L’abbé Jean Bondu participant à une conférence

Confirmation lors du Jubilé 2017 du diocèse de Luçon

Enseignement du père Jean Bondu lors d’un pèlerinage local en 2016

Sortie de la messe Chrismale de 2017

Comment vous est venu l’appel à la vocation ?

Mgr. Jean Bondu : Quand j’étais ado, je voulais devenir médecin, donc ce n’est pas vraiment le même appel. Mais en étant au lycée, je résidais dans une maison diocésaine, le foyer Saint-Jacques aux Herbiers, et quelques garçons partaient presque chaque année au séminaire. Ça m’intriguait. C’est une maison où on développait également une prière à la fois communautaire et à la fois un appel à une prière personnelle dans la découverte de textes bibliques, dans l’animation de la prière, d’ailleurs. Et puis on avait des réunions de réflexion pour sur des thèmes de jeunes.

Et donc j’ai entendu l’appel à travers deux textes bibliques. Le premier, c’est quand la femme pécheresse vient pleurer son péché auprès de Jésus. Parce qu’elle a beaucoup aimé, il lui sera beaucoup pardonné. Ça m’a touché parce que je n’y arrivais pas à être chrétien « comme il fallait ». Et donc de mettre en premier l’amour de Dieu, ça, ça m’a vraiment séduit. Et je me suis dit : « Si Dieu même, je peux me risquer ».

Et puis le deuxième texte, c’est Jésus ressuscité au bord du lac, qui appelle ses disciples à quitter leur bateau pour venir manger avec lui. Et au bout d’un moment, il prend à part Pierre. Il lui dit « Pierre, m’aimes-tu ? » Trois fois. Evidemment, allusion au triple reniement. Et à la fin, il lui dit : « Suis-moi ». Et donc si moi, en réponse à l’amour de Dieu, je m’engageais à aimer Dieu, il fallait que je cherche comment je voulais le suivre. Et en fait, c’est dans la contemplation de l’Eucharistie, devant le tabernacle, que j’ai dit oui en lui disant « Si tu es Dieu, à toi de me rendre heureux, de permettre que je sois heureux. Je veux bien tout te donner ».

Et donc, à partir de ce moment-là, j’ai passé mon bac. Évidemment, j’ai fini mon cursus de lycée et puis je suis rentré au séminaire. J’avais 19 ans, donc deux ans de séminaire. J’ai fait une année à l’armée (service militaire), quatre ans à Nantes. Et puis me voilà embarqué dans l’aventure avec des insertions pastorales en paroisse, et en 1992, à 26 ans, j’ai été ordonné prêtre.

Pour devenir évêque, vous avez aussi trouvé un passage de la Bible qui a répondu à votre demande ?

C’est vrai que là, pour devenir évêque, en posant la question dans la prière, j’ai reçu ce texte de l’obole de la veuve pauvre. Elle a tout donné, elle aussi. Et je me disais : « Je ne peux pas retenir quelque chose ». Je suis tenté de regarder en arrière, la paroisse, mais on m’appelle à quitter la paroisse pour aller devant et à me donner. Dieu a déjà manifesté sa générosité : je ne peux pas retenir mienne.

Quelles sont les joies et les difficultés dans votre mission ?

Mgr. Jean Bondu : Alors, la première joie, c’est d’être envoyé par Dieu. On se dit : « Mais qu’est ce qui Lui prend ? Pourquoi moi ? » Mais en fait, si c’est Lui qui envoie, alors… La deuxième, c’est de collaborer avec d’autres en recevant l’Esprit-Saint. J’ai beaucoup reçu ces derniers temps de la communion Priscille & Aquila, qui met l’accent sur : le premier à être missionnaire, c’est l’Esprit-Saint, parce qu’il habite déjà le cœur des hommes et des femmes qu’on peut aller rejoindre. Et donc collaborer avec Dieu, collaborer avec des frères et des sœurs, en particulier des couples, chez Priscille Aquila, c’est Paul qui va avec les couples, ça, ça m’a beaucoup appris et ça a été une vraie joie. De fait, la mission, c’est d’abord l’écoute. Il faut d’abord prendre l’autre tel qu’il est, là où il en est. Et donc pour ça, il faut d’abord ouvrir son oreille et son cœur. Il ne s’agit pas de venir avec notre message. Il faut vraiment se mettre au diapason de l’autre. Et bien sûr, à un moment ou à un autre, lui présenter notre foi et Celui qui nous fait vivre, mais en ayant d’abord développé l’écoute, essayer de voir quelles sont ses attentes et ses désirs.

Pour les épreuves, je dirais que ce qui est difficile, c’est quelquefois d’essuyer des non, c’est quelquefois même de se retrouver face à l’indifférence. Les épreuves, c’est de constater son propre péché, sa propre fainéantise, sa propre lâcheté. Mais autant d’épreuves que nous pouvons dépasser. Parce que, justement, il y a un appel qui ne vient pas de nous, mais qui vient de Dieu.

L’abbé Jean Bondu lors de la 5e édition de la journée des fiancés en Vendée, le 12 mars 2022

Quelle devise épiscopale avez-vous choisi ?

Mgr. Jean Bondu : Il y a une parole de Paul dans la première lettre aux Corinthiens, chapitre 3, la fin du verset 22 et le verset 23 que je porte depuis longtemps et qui dit : « Tout est à vous, mais vous, vous êtes au Christ et le Christ est à Dieu ». Donc je ne sais pas si le « tout est à vous » y sera mais en tous les cas, la dernière partie restera.

« Vous êtes au Christ, le Christ, est à Dieu ». Je choisis cette devise parce que je veux vraiment que les gens sachent, quand je les rejoins, que je veux les servir, que je désigne quelqu’un d’autre. « Vous êtes au Christ » et non pas à je ne sais qui, n’ont pas un évêque, non pas un prêtre, non pas même un beau témoin de la foi. « Vous êtes au Christ, le Christ est à Dieu », c’est l’orientation qu’il nous faut suivre.

Pour conclure, avez-vous un message pour ceux que vous quittez : vos paroissiens, les Vendéens ? Et puis un message pour ceux vers qui vous êtes envoyés ?

Mgr. Jean Bondu : Alors un message pour les paroissiens, et puis je pense aussi à tous les acteurs de l’enseignement catholique puisque je suis aumônier diocésain de l’enseignement catholique avec l’abbé Florent Murzeau et toute une équipe de la pastorale. Donc le message à ces deux publics différents, c’est de garder confiance. Vous avez plein d’atouts. Et puis, vous avez l’Esprit-Saint qui vous accompagne et vous devance. Donc, malgré les difficultés, elles ne vont pas manquer puisqu’on est moins nombreux comme acteurs. Malgré les difficultés, nous portons un beau message : le message de la vérité de l’homme. Et puis le message de notre Sauveur, Celui qui peut nous entraîner vers le haut. Et même s’Il demande beaucoup, qui peut aussi nous apporter beaucoup de joie.

Et pour ceux que je vais rejoindre. J’attends des Bretilliens, parce que je crois que c’est ainsi que s’appellent les gens d’Ille et Vilaine, j’attends d’eux qu’ils me guident dans la découverte de leur beau diocèse. J’attends d’eux aussi qu’ils me forment à être évêque. J’ai en mémoire ce que disait Monseigneur Garnier quand il a quitté la Vendée. Il nous disait : « Vous m’avez fait évêque ». Alors c’est Dieu qui fait l’évêque, c’est clair. Mais dans son expression, il y avait toute la confiance qu’il avait reçu de ses diocésains. Il y avait aussi leur patience. Il s’était mis à leur école. Alors moi, j’aurais aussi quelqu’un qui pourra me guider puisque je serai aux côtés de Monseigneur d’Ornellas. Je suis évêque auxiliaire et donc j’ai cette chance de pouvoir bénéficier d’un homme d’expérience, d’un bon théologien et de quelqu’un qui se met à l’écoute de ses diocésains. J’apprendrai beaucoup avec lui, je crois.

Propos recueillis par Foulques O’Mahony

Photos : ©D. Fugère – ©Diocèse de Luçon (tous droits réservés)

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