Ecologie intégrale, un chemin d’espérance

Apparu dans les années 1980, le concept d’écologie intégrale a été remis en avant voici quelques années par une jeune génération issue notamment de la Manif pour Tous et du mouvement des Veilleurs. Cela fait également suite à l’élan insufflé par « Laudato Si’ ». Les évêques invitent d’ailleurs les chrétiens à s’engager pour vivre une écologie intégrale, respectueuse de l’homme et de la Création. 

Rencontre avec Gaultier Bès, fondateur de la revue Limite

Directeur adjoint de la revue d’inspiration chrétienne Limite, Gaultier Bès était l’invité de l’ICES le 25 octobre 2016 pour une conférence intitulée : « L’écologie intégrale, manifeste pour un nouvel art de vivre ». Celui qui fut impliqué dans le mouvement des Veilleurs voici 3 ans estime que l’homme serait bien inspiré, face aux défis humains comme environnementaux, de refuser le fantasme de l’ « illimitation ».

LE REFUS PAR L’HOMME DE LA TOUTE-PUISSANCE : UN CHEMIN D’ESPÉRANCE

Apparu dans les années 1980, le concept d’écologie intégrale a été remis en avant voici 3 ans par une jeune génération issue notamment de la Manif pour Tous et du mouvement des Veilleurs. Il peut se définir comme une réflexion transversale sur la bonne intégration de l’homme dans son environnement. L’écologie intégrale prend en compte deux dimensions : la gestion de l’environnement naturel, c’est-à-dire des richesses de la planète et les questions anthropologiques, sociétales et bioéthiques. « C’est un projet global de société, concerné par la préservation de la nature et de la vie, par la lutte contre les inégalités économiques et sociales, ainsi que par la lutte contre les dérives des biotechnologies. »

GÉNÉRATION PAPE FRANÇOIS

Agé de 28 ans, Gaultier Bès est agrégé en Lettres modernes. Elevé dans une famille catholique, très attaché au scoutisme, il se passionne jeune pour la question écologique. Il souhaite repenser la perception du sujet. Les réflexions qu’il mène aboutissent en juin 2014 à la rédaction d’un court ouvrage intitulé : « Nos limites – pour une écologie intégrale », dans lequel il précise les contours de ce dernier terme. Hasard du calendrier, le pape sort quelques mois plus tard l’encyclique Laudato Si, « Sauvegarde de la maison commune ». Gaultier est alors sollicité par Paul Piccareta, diplômé en philosophie, qui est en train de monter une revue sur cette thématique. Le premier numéro de Limite paraît en septembre 2015.

« Nous incarnons la génération pape François, explique Gaultier. Nous reconnaissons que Dieu nous a institués gardiens de la Création et que nous avons le devoir d’être vigilants par rapport au sentiment de toute-puissance que cela peut engendrer. » Les exemples sont légion : déforestations, développement des OGM, baisse massive de la population d’espèces animales comme les oiseaux ou les abeilles. Mais aussi tentation de l’eugénisme, de la PMA abusive, de la GPA, du prolongement de l’âge de la vie…

« Le besoin d’avoir des réponses et le désir de repousser les limites font partie de la nature humaine. Mais attention à ne pas confondre l’un et l’autre. Vouloir il y a 5 siècles découvrir l’Amérique et désirer aujourd’hui coloniser la planète Mars sous prétexte que la terre est devenue inhabitable, désolé, ce n’est pas pareil ! »

SAGESSE INTÉGRALE ?

Les partisans du « toujours plus » évoquent le bien-être de leurs semblables. Pour essayer de discerner le vrai du faux, Gaultier Bès propose entre autres le critère économique. Qui et dans quelle proportion, tire un profit financier à tel ou tel « progrès » ? Multinationales de semences agricoles modifiées, fabricants de pesticides, laboratoires pharmaceutiques… Le bien-être recherché est-il commun ou mercantile ? Parfois ce peutêtre les deux… Lorsque la médecine souhaite que la durée de la vie soit prolongée sans fin, refuset- elle le principe de la condition mortelle de l’homme ? En généralisant l’amniocentèse pour les femmes enceintes, cherche-t-elle une perfection que la vie actuelle ne permet pas encore ?

« L’écologie intégrale s’approche au fond d’une sagesse du même ordre : puisqu’il n’est pas possible à l’homme de s’affranchir de la nature (environnementale ou humaine), celui-ci doit envisager d’intégrer cette nature à ses projets dans l’humilité du gestionnaire d’une fortune fragile. Ce n’est pas de l’utopie, même si cela va à l’encontre de ce que l’on nous présente comme allant de soi dans les discours sociétaux actuels. »

Propos recueillis par Christophe Butruille

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